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Piété

Deux fils

Conversion authentique et service obéissant

Philip Nunn

Eindhoven, NL

février 2008

 

Dans les évangiles, nous trouvons deux paraboles au sujet d'un père et de ses deux fils. La première, généralement appelée la « Parabole du fils prodigue», Jésus l'a racontée à un groupe où se mêlaient percepteurs d’impôts, pécheurs, pharisiens et docteurs de la Loi. Jésus a été critiqué pour avoir été en compagnie de pécheurs. Mais par cette parabole, Jésus montre que ses actions étaient toujours en accord avec le cœur du Père. La seconde parabole fait état d’un vignoble, d'un père et de ses deux fils. C'est dans les cours du temple de Jérusalem que Jésus a donné ce court récit à un groupe mixte, constitué de principaux sacrificateurs et d'anciens du peuple. Par cette parabole, Jésus souligne avec force que, si les chefs religieux se contentaient de parler d'obéissance, les publicains et les prostituées, eux, se repentaient et obéissaient. Bien que ces paraboles aient été adressées à un auditoire juif, elles illustrent très bien le processus d'une conversion authentique et la nécessité d’obéir. Voyons cela de plus près.

  1. Deux pécheurs et une conversion authentique

Luc 15:11 - 31 : La parabole du fils prodigue

Le terme « prodigue » signifie « qui fait des dépenses excessives, qui dilapide son bien ». Le titre traditionnel de cette parabole vient du fait que le plus jeune fils a gaspillé son héritage. Mais la parabole a d'autres acteurs importants à côté du jeune fils, et le gaspillage n'en est pas le thème central. De meilleurs titres ont été suggérés comme « La parabole du père aimant » ou « La parabole des fils perdus ». Il est évident que le père, dans cette histoire, a aimé ses deux fils, et que chaque fils avait son propre problème.

  1. Le plus jeune fils : Le pécheur mondain

Le plus jeune des deux fils était lassé de la routine chez lui. L'idée « d’être son propre patron », sans restriction externe, le séduisait. Il a revendiqué ses droits et s'est mis en recherche pour « s’accomplir », « se réaliser », « se faire plaisir ». C'est une image triste, mais réaliste, du cœur humain. Par nature nous sommes égocentriques. Nous n'aimons pas qu’on nous dicte ce qu’il faut faire.

Les plaisirs sont rarement à la mesure de nos attentes. S’ils les atteignent parfois ou même les dépassent, ce n'est que pour un moment. Quand l'excitation retombe et le scintillement s'éteint, la sensation de soif reprend le dessus. Comme le plus jeune fils, nous courons après une autre expérience ou un autre divertissement. Certains, faute d’alternative, mais d'autres par choix, adoptent ce mode de vie superficiel et le gardent jusqu'à leur dernier jour ! D'autres encore, conscients, mais ne trouvant pas d’alternative valable, mettent fin à leur vie.

Dans cette parabole le plus jeune fils revient enfin à lui, en pleine crise : il a fait faillite, il est seul et affamé. C’est encore une image réaliste du cœur humain. Il semble que nous avons souvent besoin de nous trouver dans une condition désespérée, dans une crise, pour nous secouer : "Revenu à lui-même, il dit : Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi je péris ici de faim ! Je me lèverai, je m’en irai vers mon père et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes ouvriers. Il se leva et vint vers son père" (v.17-20).

Le Seigneur a-t-il permis une crise dans votre vie ? Avez-vous commencé à sentir votre propre vide, votre propre état de péché ? La conversion est plus que répéter une « prière de foi. » Une conversion authentique commence par un sentiment de désespoir et un véritable repentir. Nous sommes convaincus que nous sommes des pécheurs et que nous avons offensé le Dieu saint et tout-puissant ! Ceci nous mène au repentir. Comme le plus jeune fils, nous faisons demi-tour, nous confessons notre péché et nous nous jetons dans les bras miséricordieux du Père. Et seulement ensuite nous éprouvons ce que ce jeune homme a découvert : le Père n'est pas fâché contre nous, alors qu'il aurait le droit de l'être. Au contraire, il appelle à la fête : "Amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et réjouissons-nous, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. Et ils se mirent à faire bonne chère" (v. 23-24).

Il vaut la peine de remarquer que le fils repentant revient seul. Il n'arrive pas chez lui accompagné de prostituées ou avec ses porcs. Il ne cherche pas à négocier des conditions favorables ou à exiger un préalable pour s'installer dans la maison du père. Un repentir authentique mène au brisement et à l'humilité. En son temps un nouveau style de vie attestera de l'authenticité du repentir.

  1. Le fils aîné : Le pécheur religieux

Quand Jésus donne cette parabole, le fils aîné représentait les pharisiens et les docteurs de la Loi. Ce fils travaillait sur le domaine du père. Aujourd'hui, ce frère aîné pourrait représenter les hommes religieux, ceux qui cherchent à faire des choses pour Dieu et à plaire à leurs amis. Évidemment, c'était positif qu'il travaille sur le domaine du père. Mais, comme son plus jeune frère, il a eu un sérieux problème personnel : son cœur n'était pas droit. Le fils aîné travaillait pour une mauvaise raison, il se comparait à d'autres et il avait une idée exagérée de la qualité de son travail : "Voici tant d’années que je te sers ; jamais je n’ai désobéi à un de tes commandements, et tu ne m’as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis" (v. 29). Bien que ce fils ait vécu près de son père, il ne partageait pas ses intérêts. Son rêve était de faire la fête avec des « amis » qui lui ressemblaient, non avec son père. Quand son père se réjouissait, le fils aîné était amer, et même en colère. C'est une image émotionnelle du christianisme sans la grâce de Dieu. Nous réjouissons-nous, vous et moi, quand notre Père céleste se réjouit ? Toujours ?

Notre cœur religieux est très trompeur. Le fait que nous travaillons dur sur le domaine du Père, en restreignant notre liberté et en faisant de grands sacrifices, endort notre conscience. Nous pouvons en arriver à penser que le Père devrait maintenant nous aimer un peu plus que ceux qui ne travaillent pas aussi fort. Nous pouvons même devenir un peu critiques envers ces chrétiens qui semblent plus détendus ou qui cultivent le champ d'une manière différente. Au fils des années quelque chose de subtil se produit : après avoir été longtemps sur le champ, nous commençons de croire que nous savons comment les choses devraient se faire. Pour le bien du Père et du champ, nous fabriquons quelques petites « règles » et les imposons à ceux qui nous entourent. Nous donnons l'impression que le Père est plus strict qu'il ne l'est vraiment, et bientôt nous n'arrivons plus à nous réjouir quand le Père se réjouit !

Le fils aîné a refusé d'entrer dans la maison et de participer à la fête avec son frère et avec son père. Pourquoi ? Le fils aîné voulait la justice, non la grâce : le plus jeune fils devait d'abord être puni et ensuite admis ; on ne devait pas lui faire confiance jusqu'à ce qu'il ait montré les fruits réels du repentir ; entrer dans la maison du père et participer à la fête donneraient un faux message à son plus jeune frère ; lui, le fils aîné, il s'associerait à ce qu'il jugeait être injuste. Même les supplications du père ne l'ont pas fait changer d'avis. Ceux qui n'ont senti aucun besoin réel de la grâce de Dieu interprètent facilement de travers les actions du père. Tout paraît trop bon marché, trop facile. Quand nous sommes en désaccord avec Dieu sur sa manière d'agir, il devient difficile de partager sa joie quand quelqu'un se repent, demande le pardon, revient ou exprime le désir d'être reçu.

J’ai fini par apprendre que notre Père céleste déverse ses abondantes bénédictions sur beaucoup de personnes, de projets, de situations… même sur ceux avec qui Il n'est pas entièrement d'accord ! S'il attendait la perfection avant de bénir, il ne pourrait bénir personne d'entre nous ! Notre Père voit et entend le repentir vrai. Il sait quand notre cœur est droit. La grâce de notre Père est telle que non seulement il bénit, mais il se sent également poussé à organiser une fête tout en sachant qu'il y a beaucoup de place pour des améliorations ! "Il fallait faire bonne chère et se réjouir ; car celui-ci, ton frère, était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé" (v. 32). Ce n'est un pas appel à la complaisance. Nous voulons être des chrétiens saints et obéissants qui se fondent sur la Bible. Mais ne laissez pas les déficiences vous empêcher de célébrer ce que le Seigneur fait. Rejoignez votre Père et apprenez à vous réjouir, même lorsque vous discernez des imperfections et des difficultés potentielles.

  1. Deux croyants et le service obéissant

Matthieu 21. 28-32 : La parabole des deux fils

Le salut est un don. Lorsque nous nous repentons et donnons notre vie au Seigneur, nous sommes pardonnés et immédiatement transformés en enfants de Dieu. Nous ne pouvons pas contribuer à ce salut par nos œuvres ; humblement, simplement, nous croyons et recevons. Mais ensuite, après notre conversion, il reste du travail à faire ! "Un homme avait deux fils ; et, s'adressant au premier, il dit : Mon enfant, va travailler aujourd’hui dans ma vigne" (v. 28, version Segond). Cet appel était basé sur une relation : une demande d'un père à son fils. C'était un commandement, non une suggestion. Il s'agissait d'accomplir un travail qui comportait un certain degré d'urgence : "aujourd'hui". Les leçons de cette parabole s’appliquent à tout chrétien aujourd'hui.

  1. Le premier fils : le chrétien travailleur

Comment le premier fils a-t-il répondu à la demande du père ? "Je ne veux pas", dit-il, mais plus tard, pris de remords, il y alla" (v. 29). Quelles raisons ce fils avait-il pour dire « non » ? Pourquoi refusons-nous parfois de nous engager dans le travail du Seigneur ?

  •  Autorité : Il n’aimait pas qu’on lui dise ce qu’il devait faire. Il avait ses propres idées.

  •  Tâche : Il n’aimait pas travailler la vigne. Il préférerait un emploi plus respectable.

  •  Relation : Peut-être ne s’entendait-il pas bien avec son père. Sans communion, aucun désir d'obéir.

  •  Agenda : Il était trop occupé pour travailler dans la vigne de son père. Peut-être un autre jour.

  •  Les collègues de travail : Il n’aimait pas les autres ouvriers qui travaillaient dans la vigne. Peut-être qu’ils ne suivaient pas ses idées. Peut-être que certains l’avaient critiqué.

  •  Doutes : Si ce fils avait un penchant intellectuel et philosophique, il aurait pu mettre en doute que son père lui avait réellement parlé. Ses paroles avaient-elles un sens caché ? Pour ne prendre aucun risque, il a estimé qu'il était préférable de dire non !

Quelles que soient ses raisons, il a dit «non» et est parti. Il peut avoir passé près des vignes de son père et constaté un grand besoin de main d’oeuvre. La déception qu’il avait vue dans les yeux de son père l'a peut-être poussé à reconsidérer la situation. On nous dit que "plus tard", laissant du temps à la réflexion, il a changé d'avis et est allé travailler. Avez-vous résisté à un appel à travailler dans certains domaines de Sa vigne ? Est-ce que votre Père vous appelle à l'aide dans un camp d'été, à distribuer de la documentation chrétienne ou à rendre visite à un nouveau voisin ? Le service chrétien implique l'obéissance, la mise de côté de nos préférences, de nos idées et de nos opinions. Lorsque nous entendons notre Père dire : « Fils, va… », allons-y tout simplement... Quand il dit : « Travaille... dans la vigne », disons humblement : Oui, Seigneur ». Et quand il dit « aujourd'hui », arrêtons de faire des promesses et de rêver à l'avenir, agissons !

  1. Le second fils : le chrétien bavard

Le père s'est approché du second fils avec la même requête. Sa réaction initiale doit avoir été une joie pour le père quand il a répondu : "Moi j’y vais, seigneur. Et il n’y alla pas" (v. 30). Imaginez le sourire du père qui s'efface lentement pour se changer en déception, alors que la journée avançait ?

Le comportement de ce second fils parle de ces chrétiens spontanés et impulsifs, ou peut-être pour être plus réaliste, de vous et de moi dans ces moments où nous avons rapidement dit « oui » à un appel à servir, mais que nous n’avons jamais concrétisé. Peut-être vous rappelez-vous ces moments heureux et chargés d'émotions lorsque vous avez sincèrement promis, dans un chant, d'obéir et de Le suivre partout et à n'importe quel prix, jusqu'à la fin de votre vie ! Pourquoi le second fils a-t-il dit « oui », mais ne s'est-il pas présenté ? Examinons quelques possibilités :

  •  Sincérité : Il a dit « oui » pour contenter son père, mais ce n’était pas vraiment ce qu'il pensait.

  •  Propre image : Comme il y avait d'autres personnes qui écoutaient, il a dit « oui » pour qu'elles pensent qu’il était bon, obéissant et coopératif.

  •  Sacrifice : Il a d'abord cru que le travail dans la vigne allait être facile, mais quand il a compris que la tâche était difficile, il a changé d'avis.

  •  Sociale : Plus tard, il a appris que son frère n’irait pas à la vigne. Sans lui, le travail ne serait pas amusant. Il a donc décidé de ne pas aller.

  •  Justice : Il ne n'était pas équitable, selon lui, de travailler seul, sans son frère.

Vous identifiez-vous parfois à l'une de ces raisons ? Il faut remarquer que, contrairement au premier fils, on ne nous dit pas que le second fils ait regretté, se soit repenti, ou ait changé d'avis (v. 29). Nous savons seulement qu’il n’est pas allé (v. 30). Si cette omission est significative, alors quelques raisons pour ne pas aller à la vigne pourraient être :

  •  Priorités : Il était très occupé. Il a essayé de faire d'autres choses valables sur le chemin de la vigne, puis il a manqué de temps ou d'énergie.

  •  Moment favorable : Peut-être a-t-il attendu que la menace d'une pluie s'évanouisse ! Le « moment idéal » n’est jamais arrivé ! Mais il envisage toujours la possibilité d'aider plus tard !

  •  Oubli : Il a été distrait et a oublié son père et la vigne.

  •  Cohérence : Comme la plupart d'entre nous, il a franchement lutté pour faire ce qu'il disait vouloir faire. Il est toujours plus facile de parler que de travailler.

Ces raisons sont peut-être parmi les plus habituelles pour nous retenir de répondre à l'appel de notre Père d'aller travailler dans sa vigne. Se tournant vers les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple, Jésus leur a demandé : "Lequel des deux fit la volonté du père ?" "Le premier", répondent-ils. Jésus leur dit : "En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu" (v. 31). Au tribunal de Christ, chacun recevra "les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal" (2 Corinthiens 5. 10). Puisque vous êtes en vie, il y a encore du travail pour vous dans sa vigne. Que pourriez-vous faire "aujourd'hui" ?

Conclusion

Ces deux paraboles décrivent deux fils qui, devant les mêmes opportunités, réagissent de manières différentes. L'un, contrit, jouit du pardon et de la bonté de son père. L'autre, dans sa propre justice, se récrie devant les manifestations de grâce du père. L'un, après réflexion, finit par travailler dans la vigne de son père. L'autre attend encore le bon moment pour y aller ! Vous identifiez-vous à l'un ou l'autre de ces quatre fils ? Rappelez-vous que notre Père céleste a une abondance de grâce à répandre sur ceux qui viennent à Lui avec des besoins. Si vous êtes un enfant de Dieu, n'oubliez pas que l'invitation est aussi pour vous : "Mon enfant, va aujourd'hui travailler dans la vigne".

 

 

Traduit par Marc Horisberger

sauf indication contraire, les citations bibliques sont tirées de la version JND « Bonne Semence »

 


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