Philip Nunn
Armenia, Colombie
Février 2006
Beaucoup d’entre nous ont eu le
privilège d’être nés et élevés dans un foyer chrétien. Nous allons à de
bonnes réunions chrétiennes, nous lisons la Bible et nous chantons les
cantiques. Nous sentons que nous sommes à la bonne place, faisant ce
qu’il faut…. Et pourtant, il manque quelque chose. À l’occasion, dans
des moments d’introspection, nous nous alarmons de l’émotion insipide
qui accompagne notre manière de vivre chrétienne. Cela nous semble si
éloigné de l’excitation et de la satisfaction qui nous envahissent lors
que nous progressons dans nos études ou grimpons dans l’échelle de notre
société. C’est tellement différent de la fraîcheur et de l’anticipation
que nous ressentons en réservant nos prochaines vacances à l’étranger ou
revenons à la maison avec un nouveau gadget électronique. Cette
platitude chrétienne est-elle normale ? Notre version de la foi
chrétienne est-elle authentique ? Pouvons-nous vraiment nous appeler des
« disciples de Jésus Christ » ?
Qu’est-ce qu’un disciple de
Jésus ?
Être un disciple, c’est être
quelqu’un qui apprend, qui suit un maître et se soumet à son
enseignement. Dans le Nouveau Testament, le terme « disciple » est
utilisé environ 270 fois. Il ne doit pas être utilisé indifféremment à
la place de « sauvé », « saint », ou « chrétien né de nouveau ». Dans un
sens large, il est utilisé pour parler des personnes qui marchaient avec
Jésus ou dont le cœur était bien disposé à son égard (Jean 6 : 66 ; 19 :
38). Il est parfois utilisé exclusivement pour les douze qui le
suivaient (Luc 22 : 11). Il est aussi utilisé pour identifier ceux dont
l’attachement à Christ était le plus grand. Nous trouvons des disciples
dans les deux sexes (Actes 9 : 10, 36). Il est probable que c’est par
mépris que les disciples furent appelés « chrétiens » vers l’année 44
(Actes 11 : 26) – un terme qui n’est utilisé que 3 fois dans le Nouveau
Testament. Et ce n’est qu’à partir du 2e siècle que le nom de
« chrétien » a été accepté par les croyants comme un titre honorifique.
Dans ses écrits, l’apôtre Paul n’utilise jamais les mots disciple ni
chrétien.
Luc, le docteur, raconte
l’histoire au cours de laquelle Jésus explique ce qu’il attend de l’un
de ses disciples (Luc 14 : 25-35). Ce jour-là, beaucoup de gens avaient
laissé leur travail et leurs occupations pour venir apprendre et
manifester leur adhésion à l’enseignement du Seigneur Jésus. Étaient-ils
vraiment des disciples ? quel était leur degré d’engagement ? Jésus se
tourne vers cette foule qui le suivait facilement et la choque. Il place
devant elle trois conditions primordiales.
1.
Jésus, celui que j’aime le plus
« Si quelqu'un vient à moi, et
ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses
frères, et ses sœurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon
disciple. » (v. 26). Les Écritures encouragent les valeurs familiales.
Il ne nous est bien évidemment pas demandé de mépriser les membres de
nos familles. Le mot « haïr » est utilisé dans un sens relatif (Matthieu
10 : 37). Dans le cercle de nos connaissances, nous aimons naturellement
certaines personnes plus que d’autres. Ce que Jésus dit c’est qu’à moins
de l’aimer Lui plus profondément et avec plus de force que quiconque,
nous ne pouvons pas être son disciple. Le Seigneur Jésus réclame cette
place suprême dans notre cœur et nos affections. Quelle place Jésus
a-t-il dans votre cœur ?
2.
Jésus, la première de mes priorités
« Et quiconque ne porte pas sa
croix, et ne vient pas après moi, ne peut être mon disciple. » (v. 27) À
l’époque, sous la domination romaine, ceux qui portaient leur croix
n’avaient plus que quelques heures à vivre. Quelles pensées pouvaient
donc bien passer par l’esprit d’un homme portant sa croix ? Il devait
éprouver un changement radical de ses priorités. Cette dispute familiale
au sujet d’un héritage devait lui sembler tellement insignifiante,
maintenant. Ses diplômes, comptes bancaires et statut social devaient
être devenus si peu dignes d’intérêt. La récolte à venir, ses projets
d’affaires et son plan de retraite devaient alors lui paraître tellement
hors de propos. Porter sa croix, c’est vivre le présent. Porter sa croix
volontairement, c’est renoncer à nos droits fondamentaux. La croix
change nos valeurs et nos priorités. Il n’y a rien de mal à faire des
plans, à rêver, à aspirer à quelque chose. Ce que Jésus dit, c’est qu’à
moins de l’avoir comme première des priorités dans notre vie, au dessus
de nos rêves et aspirations personnels, nous ne pouvons pas être ses
disciples. Quel rêve ou quelle force dirige votre vie ?
3.
Jésus, mon trésor le plus précieux
« Ainsi donc, quiconque d'entre
vous ne renonce pas à tout ce qu'il a, ne peut être mon disciple. » (v.
33). Ceci constitue-t-il une condamnation de la propriété privée ? Non.
Le problème, c’est notre attitude vis-à-vis de ce que nous possédons.
Nous sommes des administrateurs provisoires des bénédictions de Dieu,
jamais des propriétaires absolus. Nous sommes nés nus, et nous
n’emportons rien avec nous lorsque nous partons. Et pourtant, au cours
de ces quelques décennies de vie, il est surprenant de considérer
combien fermement nous pouvons tenir à des choses matérielles. Pour
certains, il s’agit d’une voiture, d’une maison ou d’un portefeuille
d’actions. Pour d’autres, c’est un ordinateur portable, des vêtements ou
une collection de CD. Dans ce que vous possédez, qu’est-ce qui vous
apporte une grande satisfaction ? Jésus dit qu’à moins de l’estimer au
dessus de tout ce que nous avons, nous ne pouvons pas être son disciple.
La saveur
Nous savons que notre salut est
un don de Dieu. Nous ne pouvons pas le gagner. Nous le recevons
humblement et avec reconnaissance. Le Seigneur Jésus n’établit pas ici
les conditions de notre salut. Il souligne clairement l’attitude requise
pour une vie chrétienne normale. L’expression « il ne peut être mon
disciple », réaffirmée trois fois par notre Seigneur, ajoute une grande
force à ce standard. La foi chrétienne moderne s’autorise une plus
grande flexibilité. Beaucoup semblent se satisfaire de suivre les
traditions de l’église, d’être baptisé, ou d’aller à ce qu’ils
considèrent être des réunions chrétiennes ayant une doctrine correcte.
Notre style de vie diffère-t-il de manière significative des
matérialistes, humanistes et épicuriens qui nous entourent ? Il n’y a
bien sûr rien de mal à créer de la richesse, à aider son prochain ou à
s’amuser. Mais le standard auquel Jésus nous appelle engendre une
perspective complètement différente dans notre vie. Notre appel n’est
pas à ressembler à du sel, mais à être du sel. À avoir du goût, à
influencer, à transformer, à avoir de la saveur (v. 34). Cet engagement
pour le Seigneur Jésus doit s’exprimer dans les détails de notre manière
de vivre. Et si nous y manquons ? Malheureusement, ça nous arrive ! Nous
ne devons jamais oublier la GRÂCE de Dieu. En tant que chrétiens nés de
nouveau, nous sommes maintenant enfants de Dieu. Nous sommes acceptés et
aimés profondément par le Seigneur, de manière inconditionnelle. Nos
succès et nos échecs ne le font pas nous aimer plus ou nous aimer moins.
Son amour pour nous est constant et notre salut est certain. Pourquoi
donc le Seigneur nous appelle-t-il à un niveau de consécration si
élevé ?
Construire une tour, combattre
En exposant les trois
conditions requises pour être un disciple, Jésus dépeint deux images à
l’esprit de son auditoire. La première est celle d’un bâtisseur qui
voudrait construire une tour (v. 28-30), et la suivante celle d’un roi
qui voudrait partir en guerre contre un autre roi (v. 31-32). Le
bâtisseur et le roi devaient regarder aux objectifs souhaités et évaluer
ce dont ils avaient besoin pour les atteindre. Nous pouvons comprendre
ces images comme un appel à considérer le coût d’être disciple de Jésus
Christ. Le salut est un don gratuit de Dieu, mais il implique le
brisement de notre orgueil et de notre volonté propre. Voulons-nous
payer un tel prix ? Recherchons-nous une version plus aisée de la foi
chrétienne ? Nous pouvons peut-être également regarder à ces images
depuis un angle différent. Nous savons qu’actuellement, le Seigneur a un
objectif : l’édification de son église. Vous et moi sommes des pierres
vivantes. En posant ces conditions, le Seigneur souligne la qualité
désirée des pierres nécessaires à la construction. Nous savons que nous
sommes actuellement engagés dans une guerre spirituelle. Ces trois
conditions reflètent le degré d’engagement que Jésus demande à ses
soldats. Si Jésus n’est pas celui que nous aimons en premier, à un
moment critique nous le renierons pour complaire à quelqu’un d’autre. Si
Jésus n’est pas la première de nos priorités, à un moment critique nous
refuserons de nous laisser guider par lui et suivrons notre rêve. Si
Jésus n’est pas notre trésor le plus précieux, à un moment critique nous
rejetterons sa cause pour protéger notre investissement.
C’est à prendre ou à laisser !
Notre Seigneur Jésus n’est pas
ce que nous qualifierions actuellement de « politiquement correct ». En
fait, il est parfois plutôt radical, provocateur et recherche la
confrontation. Il ne mangerait pas en d’autres compagnies ni ne
retarderait un miracle pour éviter d’offenser les religieux. Il parle
ouvertement des ennemis, de l’adultère, du divorce et de l’hypocrisie
religieuse. Il n’atténue pas ses mots pour satisfaire son auditoire ou
augmenter le nombre de ceux qui le suivent. En Jean 6, nous voyons Jésus
encourager à délaisser la superficialité au profit d’une relation et
d’une consécration plus profondes. En l’entendant, plusieurs se sont
exclamés : « Cette parole est dure ; qui peut l'écouter ? » (v. 60, L.
Segond). Que ressentez-vous face au standard élevé établi par Jésus ?
Beaucoup étaient attirés par la personnalité chaleureuse de Jésus.
Beaucoup suivaient Jésus pour un bénéfice matériel ou à la recherche
d’un miracle. Mais lorsque Jésus a demandé un engagement plus profond,
beaucoup « se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui. » (v.
66). Que ressentent les meneurs lorsque ceux qui les suivent commencent
à s’écarter ? Jésus a-t-il une version meilleur marché, moins exigeante,
de marche chrétienne à offrir ? Jésus veut-il maintenant négocier un
accord particulier avec ses amis les plus proches pour qu’ils ne le
quittent pas ? En regardant au loin les silhouettes de ceux qui s’en
allaient, Jésus se tourne vers les Douze qui étaient restés et leur
demande : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (v. 67). Ils
étaient eux aussi libres de partir et s’en aller. Bien qu’ils soient ses
plus proches amis, Jésus n’allait pas diminuer son standard pour les
retenir. Ne nous trompons pas, ce haut standard de consécration à Jésus
est toujours nécessaire aujourd’hui.
Quel autre choix possible ?
Chacun de nous a un moteur à
l’intérieur de lui. Il y a quelque chose qui nous motive, quelque chose
qui nous fait nous lever le matin, quelque chose qui nous incite à
étudier et à travailler dur. Ce quelque chose inspire notre créativité
et nous fait faire des sacrifices. Ce moteur peut être une recherche de
confort, sécurité, reconnaissance ou succès. Il peut être une fuite
devant la peur, l’insignifiance ou le vide. Quelle est la force motrice
de votre vie ? Qu’est-ce qui vous fait avancer ? L’apôtre Pierre a
considéré les options qui lui étaient offertes. Jésus demandait-il
trop ? Devait-il aussi quitter Jésus et suivre la foule qui s’en
allait ? Il a regardé à Jésus et lui a répondu : « Seigneur, auprès de
qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et
nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu. » (v.
68-69). Quelle chose ou quelle personne est-elle digne de cette place
centrale dans nos cœurs et dans nos vies aujourd’hui ? Le Seigneur Jésus
n’appelle pas les chrétiens à se couper de la vie sociale normale et à
se cacher au fond d’un monastère. Mais il les appelle à un changement
intérieur radical. Vous ne vous verrez plus comme une mère de famille,
un ingénieur ou une infirmière qui se trouve être chrétien(ne). Vous
vous verrez comme un(e) chrétien(ne) qui se trouve être une mère de
famille, un ingénieur ou une infirmière. Cette consécration à Jésus ne
rend pas les gens excentriques ni détachés de ce monde. Lorsque Jésus
est la passion de notre cœur, notre vie se place alors dans la bonne
perspective. Nous sommes de meilleurs étudiants, de meilleurs
travailleurs, de meilleurs voisins, de meilleurs enfants, de meilleurs
parents, de meilleurs chrétiens. Seule, la présence centrale de Jésus
dans une vie la rend saine et équilibrée.
Conclusion
Jésus Christ a donné sa vie
afin de racheter un peuple pour qu’il lui appartienne. Le salut est
actuellement offert gratuitement à qui se repent, croit et donne sa vie
à Jésus. Le salut est un don, la vie chrétienne un défi. Si nous voulons
être utiles à notre Maître, si nous voulons être de vrais disciples du
Seigneur Jésus, quelque chose en nous doit céder. Lorsque Abraham a
montré qu’il préférait Dieu à son fils, il a reçu son fils en retour.
Mais ce faisant, le Seigneur a brisé quelque chose en Abraham. Êtes-vous
arrivé à ce point de brisement devant Dieu ? Retenez-vous toujours
quelque chose pour vous ? Nous devons volontairement abandonner nos
propres plans et rêves, nous devons prendre notre croix, et placer Jésus
au centre de nos cœurs. Comment l’apôtre Paul arrivait-il à avancer,
avec joie, dans des circonstances tellement adverses ? Il était consacré
et engagé envers une personne : « pour moi, vivre, c’est Christ ! »
(Philippiens 1 : 21). Certainement, le Seigneur Jésus en vaut encore la
peine !