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Voter  : oui ou non ?

une discussion entre frères

Willem J. Ouweneel & Henk P. Medema

 

 

Henk P. MedemaWillem J. OuweneelC'est une année d'élections. Lorsque vous lisez ceci les élections municipales seront terminées, mais les bureaux de vote s'ouvriront encore pour voter pour la deuxième chambre et pour le parlement européen. Est-ce que des chrétiens doivent participer aux élections, oui ou non ? Sur ce sujet les opinions divergent, même entre les membres de la rédaction du Messager. Dans ce qui suit deux d'entre eux échangeront leurs pensées sur ce thème. Ils n’arrivent pas au même point de vue et laissent la responsabilité au lecteur lui-même pour en arriver à un choix biblique en priant

 

HPM : Pour entrer directement dans le sujet : beaucoup de frères ont toujours dit que le fait que le chrétien est un étranger sur la terre (1 Pierre 2 : 11) et un citoyen du ciel (Philippiens 3 : 20) est un argument suffisant pour ne pas voter. Qu'est-ce que tu en penses ?

WJO : Je l'ai pensé moi-même aussi, mais quelque part cet argument ne tient pas debout. Le fait que nous sommes étrangers et notre bourgeoisie céleste impliquent bien qu’ici-bas nous devons nous comporter autrement que les non-chrétiens -c'est à dire pas d'une façon mondaine, mais en accord avec le ciel -  mais cela ne veut pas dire pour autant que les chrétiens ne peuvent pas participer aux élections.

HPM : Tout à fait d'accord ! Aussi dans la politique les chrétiens pourraient réaliser le fait qu'ils sont étrangers sur terre et citoyens des cieux, comme en fait ils doivent le faire sur tous les terrains de la vie terrestre. On pourrait donc le faire; mais il s'agit maintenant de la grande question si, selon la Parole, nous devons aussi le faire, aussi sur le terrain de la politique.

WJO : Mais fais bien attention ! La question : où est-ce que nous lisons dans la Bible que des chrétiens doivent entrer sur le terrain de la politique ? n'a pas de raison d'être,  parce que nombre d'autres possibilités contemporaines pour les chrétiens (comme la création d'écoles, d'entreprises, d'associations etc..) ne sont non plus mentionnés dans la Bible.

HPM  : Tu as raison, il ne faut pas que nous lisions la Bible comme une sorte d'encyclopédie, une collection de textes entre lesquelles nous n’avons qu'à chercher les réponses à nos questions. Mais je fais quand même une distinction entre la politique et les autres relations sociales de la vie terrestre. Je ne vois pas d'inconvénients que des chrétiens créent des familles, des entreprises, des écoles ou des associations, mais sur le terrain de la politique, il ne faut pas qu’ils créent le Royaume de Dieu.

WJO : Mais pourquoi cette exception ? Est-ce parce que la politique est une activité pécheresse, que nous devons éviter ? Nous ne devons quand même pas chercher le mal dans les choses elles-mêmes, mais dans la condition du cœur naturel de l'homme. Il y a beaucoup de familles pécheresses, d’entreprises pécheresses, d'écoles pécheresses, mais cela ne signifie pas pour autant que les familles, les entreprises et les écoles sont mauvaises en soi.

HPM : Je suis bien d'accord avec cela. Les formes de la vie sociale elles mêmes, le monde visible et tangible, ne constituent pas le mal en soi, mais le Méchant forge tout cela ensemble pour créer une arme colossale qu'il dirige contre Dieu. C'est là la signification du terme biblique "le monde" comme le système dépravé sous la direction du Diable (Jean 14 : 30). Mais j'ai un autre argument pour faire une exception pour la politique parmi les formes sociales terrestres. Cet argument est le suivant : est-ce que, en participant activement à la politique, on n'est pas en train d’ « améliorer » le monde et de réaliser le royaume de Dieu dans ce monde avec nos propres mains ?

WJO : Non, cela n'est pas du tout nécessaire. Ce que des chrétiens font, c'est présenter simplement l'autorité de Dieu et de sa Parole sur tous les terrains où ils peuvent exercer de l'influence. Cela, on le fait par exemple dans la famille, lorsqu'on élève ses enfants sous la discipline et les avertissements du Seigneur. Dans le travail, lorsque là aussi on essaye de servir le Seigneur. Et ainsi des chrétiens donnent leur voix à un chrétien politicien, parce qu'ils veulent qu'aussi dans la politique on tienne compte de la Parole de Dieu. Là où des chrétiens se placent, dans toutes les formes de la vie sociale, sous la Parole du Seigneur en la proclamant, le royaume de Dieu devient déjà visible pratiquement, non seulement dans la famille, dans l'école, dans l'entreprise et dans l'association, mais aussi dans la politique.

HPM : Oui, bien sûr, mais cela ne veut pas dire que des chrétiens sont appelés à exercer du pouvoir. Laisse moi d'abord parler d'un autre malentendu. Dans le temps j'ai souvent résumé la question de la façon suivante. "Maintenant souffrir avec Christ, plus tard régner avec Christ" (cf. Romains 8 : 17 ; 2 Timothée 2 : 12). Mais maintenant, je pense que ce raisonnement n'est pas tout à fait exact. Nous souffrons maintenant, aussi là où nous régnons et exerçons du pouvoir. Des parents chrétiens, des professeurs chrétiens, des employeurs chrétiens connaissent aussi des difficultés, lorsqu'ils veulent être des disciples du Seigneur d'une façon conséquente. Ainsi ils souffrent, bien qu'ils dirigent et exercent du pouvoir. Mais maintenant je viens sur ce qui, d'après moi, est le point central : selon moi, dans ce temps, le Royaume de Dieu ne s'étend pas par l'exercice de pouvoir sur le macro-niveau du monde (de la société), mais par l'œuvre de l'Esprit sur le micro-niveau du cœur. Nous devons prêcher l'évangile et non pas forcer des gens qui ne sont pas nés de nouveau à vivre selon des normes bibliques. Je ne peux pas m'imaginer que dans cette dispensation intermédiaire, nous devrions utiliser du pouvoir pour la cause du Seigneur.

WJO  : Comme tu présentes les choses maintenant, je ne le crois pas non plus. Mais je pense que de nouveau, tu fais une fausse contradiction entre l'état et les autres formes de la société. L'état n'est pas une forme d'organisme central qui a du pouvoir sur toutes les autres formes de vie sociale. Dans toutes les formes de vie sociale, des hommes exercent du pouvoir : des parents sur des enfants, des employeurs sur des employés, des professeurs sur des élèves, des conseils sur des membres, des autorités sur leur ressortissants. Si des chrétiens peuvent être des parents, des employeurs, des membres du comité,  pourquoi donc ne peuvent-ils pas être des fonctionnaires ou des magistrats ? Et n'oublie pas : les autorités sont une ordonnance de Dieu et un serviteur de Dieu (Romains 13 : 1-4) ; qui pourrait faire mieux le travail de ces autorités que des chrétiens, qui veulent aussi servir Dieu concrètement ?

HPM : Mais où  est-ce que tu trouves que le Seigneur Jésus a fait appel à une action politique ? A plusieurs reprises, Il a eu l'occasion de le faire, mais il ne l’a pas fait. Où est-ce que les Epîtres nous appellent à une activité politique ? Bien sûr, nous nous sommes mis d'accord tout à l'heure que nous ne voulons pas utiliser la Parole comme une collection de textes qui doivent servir comme preuve pour ceci et pour cela. Mais le fait que le Nouveau Testament se tait sur ce sujet n'est-il pas très significatif ?

WJO  : Mais quand tu raisonnes de cette façon, j'ai quelques questions en retour pour toi. Où est-ce que nous lisons dans la Bible que le proconsul Serge Paul (Actes 13 : 12) a reçu le conseil urgent de déposer son proconsulat ? Ou Publius, dans une position comparable (Actes 28 : 1-10) ? Et Eraste, l'administrateur de la ville de Corinthe (Romains 16 : 23) ? N'est pas magnifique que l'Empire Romain ait aussi connu des dirigeants chrétiens ? Devaient-ils laisser leur place à des incrédules ?

HPM  : Ces derniers arguments, je ne les trouve pas tellement forts. Le système politique dans lequel ces gens fonctionnaient était bien autre chose que notre démocratie parlementaire moderne, issue des racines pécheresses de l'Humanisme et de l'Illumination. Nous ferions bien d'analyser à fond ses principes anti-divins.

WJO : Mais, à mon avis, là tu suggères à tort que la démocratie en soi soit quelque chose de pécheur, et cela ne me semble pas justifiable. Tant que le Seigneur n'a pas fondé en puissance et en majesté son Royaume sur la terre, je vois la démocratie comme l'alternative la moins mauvaise, parce qu'elle tient en équilibre les forces mauvaises donnant la meilleure garantie pour le déploiement des minorités. Pour cette raison, je vois la démocratie comme un don, qui nous est offert par Dieu dans sa providence, et qui nous a apporté paix et prospérité et qui, plus que tout autre système, a donné "une vie paisible et tranquille" aux chrétiens. (cf. 1 Timothée 2 : 2). D'après moi il n'y a pas de système meilleur, tant que nous avons affaire avec des hommes pécheurs, qui abusent de chaque forme d’autocratie. Seulement dans 1e millenium il y aura un Autocrate parfait : Christ.     

HPM  : Tu as raison de dire que les racines pécheresses de la pensée de la philosophie politique démocratique ne constituent pas une raison déterminante pour nous distancier du système démocratique : la plupart des chrétiens ne voient pas le moindre inconvénient à profiter des fruits de la démocratie. De la même façon, ils participent par exemple à l'économie capitaliste -d'ailleurs ils ne peuvent presque pas autrement-  et celle-ci n’a pas non plus un fondement biblique. Mais la question est la suivante, est-ce que nous pouvons utiliser une majorité de 51% pour imposer au monde des normes bibliques ?

WJO : Mais ce sont tout de même des normes divines ! Les ordonnances créatrices de Dieu sont quand même valables pour tous les hommes ! Comprends moi bien : je ne dis pas que l'autorité doit s'occuper de tout ce que les Hollandais font dans leurs chambres privées. Mais à mon avis des chrétiens peuvent et doivent se dépenser pour un maintien des normes divines sur le terrain de l'ordre public. Dieu n'a pas supprimé ces commandements lors de la chute ! Autorités et sujets se trouvent sous des commandements,. qu'ils veulent le savoir ou non. Des évangélistes doivent prêcher la repentance, des autorités doivent maintenir l'ordre public. Et tous les deux ils doivent le faire selon la Parole de Dieu. Pour cette raison, nous pouvons et devons réprimander les autorités au sujet de ces commandements. Pensons à Jean Baptiste, qui sans hésitation disait à Hérode : "il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère" (Matthieu 14 : 4). Ainsi je suis très reconnaissant pour une poignée de frères fidèles devant le Parlement : l'effet est peut-être pratiquement nul, peut-être qu'un jour ça leur coûtera la tête, mais ils ont un témoignage prophétique fidèle.

HPM : Mais pour une parole prophétique, pour un témoignage, tu n'as pas besoin des bancs du Sénat ou de l'Assemblée Nationale ! Comme  tu viens de le dire, on ferait mieux de se mettre avec une banderole devant le Parlement ou y mettre une tribune ! Ou, mieux encore : écrire des articles dans des journaux et des périodiques sur des sujets actuels, cela fait réfléchir les gens.

WJO : Non, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. La loi des Pays-Bas donne la possibilité aux chrétiens de donner ce témoignage là où il le faut et là où il est aussi le plus effectif : dans le Parlement, en faisant là le métier politique  dans la lumière de la Parole de Dieu.

HPM : Mais finalement, le chrétien qui écrit des articles et des livres ne se compromet pas avec le système ! Et, à mon avis, le chrétien dans le Parlement fait cela. Comment garder là des mains pures ? Comment éviter là le "joug mal assorti" (2 Corinthiens 6 : 14)? Comment peut on participer à un système qui laisse la possibilité à "50% + 1" de  prendre les décisions les plus antichrétiennes ?

WJO : Heureusement, cela ne se présente que rarement ! La grande majorité des lois qui sont promulguées sont des lois bonnes et  salutaires. Mais j'avoue qu'un temps peut arriver où les chrétiens ne pourront plus participer ! Mais pour le moment je le vois de la façon suivante  : le 3 mai, les autorités me disent  : "Nous voulons faire notre travail de la meilleure façon, et pour cela nous voulons nous faire contrôler par vous. Qui est-ce que vous voulez déléguer pour nous dire comment nous devons faire notre travail ?" Et bien, est-ce que moi, comme chrétien, je dois dire "je ne vous le dirai pas" ?

HPM : Je pense que je répondrais comme chrétien : « Il ne me convient pas de répondre à votre question à partir de la Bible. Je veux  bien vous dire comment vous devez faire votre travail notamment à la lumière de la Parole, mais je ne veux déléguer personne pour cela ». Mais quoi qu'il en soit, je crois comprendre que tu déposeras un bulletin de vote rempli dans l'urne le 3 mai ?

WJO : Je pense bien, oui. D'ailleurs je l'ai fait déjà lors des élections passées. Est-ce que tu vas voter ?

HPM  : Je pense que non, bien que j'aie déjà appris à filtrer et à re-méditer mes arguments pour cela. Mais nous laisserons aux lecteurs le soin de prendre leur propre décision.

 

Traduction : J Van der Bijl

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