Olivier
Delacoux
Présentation faite à Colombes en Mars 2006
Source :
J. Alexander « l'Apocalypse verset par verset »
Le souhait que nous pouvons
exprimer au début de ce texte n’est pas d’accumuler encore un peu plus
de connaissances mais de voir avec un nouvel éclairage ce que l’Esprit
place devant nous dans ces chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse.
Nous y trouvons des lettres à 7
églises d’Asie mineure écrites par l’apôtre Jean sous la dictée de
quelqu’un semblable au fils de l’homme, le Seigneur Jésus lui-même.
À la fin du premier chapitre,
il est indiqué :
Écris donc les choses que tu
as vues et les choses qui sont et
les choses qui doivent arriver après celles-ci.
Si l’évangile et le premier
chapitre constituent ces choses que l’apôtre a vues, et la fin du livre
à partir du chapitre 4, les choses qui doivent arriver, ces deux
chapitres nous concernent particulièrement car ils nous parlent des
choses qui sont, le temps présent.
Ces
épîtres ont donc été écrites aussi pour nous.
Sans développer ici ces sujets,
nous avons déjà entendu que dans chacune, un thème différent est
abordé : l’abandon du premier amour, la souffrance et la persécution, le
mélange, les enseignements erronés, le sommeil spirituel, la puissance
de Dieu qui se manifeste dans la faiblesse, et l’aveuglement spirituel.
Des rapprochements ont été
faits avec 7 époques dans l’histoire du peuple
d’Israël.
C’est d’abord la sortie
d’Égypte, et ce cantique après la déroute du Pharaon, suivi rapidement
par Mara, les premières difficultés et le découragement, puis viennent
les souffrances du désert, le mélange dans les plaines de Moab, la
période des juges et des rois, Israël qui se tourne vers de faux dieux,
Jézabel, et puis le sommeil spirituel du schisme à l’exil, suivi par le
retour à la Parole avec l’action de quelques rois et des prophètes
Esdras et Néhémie, et au temps du Seigneur, une religion formaliste qui
rejette et met à mort le Messie, comme Laodicée qui s’alliera avec
l’Antéchrist.
Mais nous avons souvent entendu
parler de 7 formes différentes des églises qui
se sont constituées au cours des âges, du premier siècle
jusqu’à aujourd’hui.
Et nous savons encore que ces
versets ne concernent pas que la vie des assemblées. Ce qui est décrit
représente aussi 7 différents états par
lesquels le chrétien peut passer.
J’y retrouve le refroidissement
de mon premier amour, la relâche dans la vie spirituelle, les
difficultés aussi pour suivre mon Seigneur, et puis malheureusement
l’acceptation des compromis, le confort des ordonnances humaines, et
l’attitude légaliste qui y est liée, le sommeil spirituel quand la foi
n’est plus exercée, la vie dans le souvenir d’autrefois, comme si la
marche de nos devanciers nous suffisait, et enfin un aveuglement
spirituel qui pervertit l’échelle des vraies valeurs, comme à Laodicée.
Ces
épîtres ont donc été écrites aussi pour moi.
Il est possible de retrouver
dans ces 7 épîtres le même plan, dont les quelques variantes sont riches
d’enseignements, mais que nous n’aborderons pas aujourd’hui.
Plan
1. Présentation
de Christ sous un ou plusieurs de ses attributs
2. Une
déclaration commune aux sept églises
3. L’appréciation
du Seigneur pour ce qui est positif, absente dans la lettre à Laodicée
4. Le
reproche du Seigneur pour ce qui est négatif, absent dans les lettres à
Smyrne et à Philadelphie
5. Une
exhortation ou un encouragement
6. La
promesse aux vainqueurs
7. Une
proclamation : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit
dit aux assemblées » (dans les trois premières lettres, cette phrase
précède la promesse car elle s’adresse à toute l’assemblée, dans les
quatre dernières, elle s’adresse uniquement aux vainqueurs.)
Une phrase revient dans ces
textes : Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux
assemblées,
Elle nous rappelle une
autre expression de la parole,
Qui a des oreilles pour
entendre, qu’il entende
(Matthieu 13, 9)
Un rapprochement peut être fait
par les analogies entre les deux passages :
Matthieu 13 nous expose les 7
paraboles du royaume, présentées par le Seigneur à un moment bien
particulier : Les conducteurs d’Israël viennent de blasphémer contre
l’Esprit, (Matthieu 12, 24-32) (le blasphème contre l’esprit ne sera pas
pardonné), et placent tout le peuple juif sous le jugement divin
(Matthieu 12, 33-37) (Par tes paroles tu seras justifié, et par tes
paroles tu seras condamné). Le Seigneur se tourne alors vers ses
disciples, désignant comme ses frères ceux qui accompliraient sa volonté
(Matthieu 12, 49-50). Ces paraboles de Matthieu 13 décrivent les
circonstances dans lesquelles sa nouvelle famille le servira pendant le
temps de la grâce. Les différentes étapes parcourues par les chrétiens
au travers des ages, reprises par les églises d’Apocalypse sont donc
déjà évoquées dans ces 7 paraboles du royaume.
Vous voyez que ce sujet est
très riche, il serait possible de parler longuement, et même en restant
7 heures sur ces deux chapitres, nous n’en épuiserions pas tous les
enseignements. Mais je ne reviendrai pas sur ce que vous avez déjà
entendu maintes fois, et limiterai cet exposé à la présentation de ces
villes d’Asie mineure.
J’associerai souvent, dans cet
exposé, ce qui concerne les traits principaux de la ville, et
l’enseignement pratique que l’on peut en tirer, car toutes ces villes
n’ont pas été choisies au hasard : à la recherche permanente du
symbolique, nous aurions tendance à oublier que ces églises ont
réellement existé, avec des circonstances économiques, politiques,
culturelles ou religieuses différentes dont une meilleure connaissance
apporte une compréhension enrichie de ces versets.
Un peu de géographie, pour
mieux fixer dans nos esprits les emplacements de chaque ville. Elles
appartiennent toutes à une région qui comprend la Mycie, la Lydie, et la
Phrygie qui constituent maintenant la partie ouest de la Turquie.
Limitée au sud par la méditerranée, où nous trouvons Éphèse, à l’ouest
par la Mer Égée, avec Smyrne au fond d’une rade importante, les autres
villes sont sur des reliefs souvent tourmentés dans cette région où se
produisent encore de fréquents tremblements de terre. Leurs
implantations décrivent un triangle, avec au Sud Ouest Éphèse, puis 150
Kms au Nord Ouest Pergame, et environ 200 Kms au Sud Est, Laodicée.
Cette relative proximité permettait à chaque ville de connaître ses
voisines.
Pourquoi l’Esprit a-t-il choisi
ces villes pour leur adresser ces lettres ? Colosses par exemple, à coté
de Laodicée, aurait pu être l’une des adresses choisies, et les
comparaisons avec l’épître écrite par Paul auraient fait le sujet de
nombreuses méditations. D’autres destinations plus éloignées les unes
des autres, dans d’autres régions de l’empire romain n’ont pas été
retenues : il y a donc un dessein de Dieu particulier dans le choix de
ces 7 villes.
S’il nous est permis de
chercher à comprendre le choix de Dieu, le premier sens à ce choix est
que ces villes avaient réellement besoin de ces avertissements ou
encouragements : tout n’est pas que symboles dans la Bible.
Un deuxième sens est à
rechercher dans l’emplacement de cette région, porte ouverte vers
l’Europe et vers l’Asie. L’Évangile s’est répandu à partir de Jérusalem,
puis dans la Judée, puis dans le reste du monde habité, en utilisant des
routes commerciales, qui passaient par cette région. L’ensemble de ces
assemblées avait un rôle à jouer dans le plan de Dieu pour propager la
bonne nouvelle du salut par grâce à tous les hommes.
Une autre signification encore
est liée à la proximité des assemblées, qui pouvaient sans doute mieux
comprendre l’ensemble du texte de ces deux chapitres car elles
connaissaient l’histoire régionale et les circonstances particulières de
leurs voisins. Les versets auxquels nous donnons une valeur symbolique
avaient pour eux, peut être, une autre signification.
Ce que nous allons rechercher,
c’est justement les rapports qui existent entre ce qu’étaient ces
villes, et ce que l’Esprit dit aux assemblées qui s’y trouvaient ; Ce
n’est pas une recherche historique, mais le désir de mieux comprendre,
par les moyens modernes mis à notre portée, ce qui nous est dit, vingt
siècles plus tard. Nous associerons ainsi souvent l’assemblée et la
ville qui l’abritait.
Éphèse
1 À l’ange de l’assemblée qui
est à Éphèse, écris, Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles
dans sa droite, qui marche au milieu des sept lampes d’or,
2 Je connais tes oeuvres,
et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les
méchants; et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas,
et tu les as trouvés menteurs;
3 et tu as patience, et tu
as supporté des afflictions pour mon nom, et tu ne t’es pas lassé;
4 mais j’ai contre toi que
tu as abandonné ton premier amour.
5 Souviens-toi donc d’où tu
es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres; autrement, je
viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te
repentes.
6 Mais tu as ceci, que tu
hais les oeuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais.
7 Que celui qui a des
oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées. A celui qui vaincra,
je lui donnerai de manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de
Dieu.
La ville
Éphèse était une ville
portuaire importante fondée autour de l’an -1000.
Elle tirait sa richesse du
négoce, engendré par le port, mais aussi de son importance politique et
religieuse.
En effet, quelques années avant
la naissance du Seigneur Jésus, Octave transférera à Éphèse le
siège de la capitale de la province qui se trouvait auparavant à
Pergame. La ville deviendra ainsi l'une des villes les plus importantes
de l'Empire Romain, avec Rome, Athènes, Tyr, Ninive et Alexandrie.
C’est, à cette époque une ville extraordinairement prospère. Située à un
emplacement stratégique, elle commandait l’accès à la longue route de
l’Euphrate, qui conduisait aux marchés de
l’Orient.
En plus de l’activité
économique importante de la ville et de son influence sur la province,
et sans doute en raison de cette importance, il existait une activité
culturelle, avec des écoles de pensée, des philosophes. On y trouvait
aussi de nombreux monuments et temples, qui attiraient des foules. Les
ruines actuelles sont les témoins de la richesse et de la beauté de
cette ville.
C’est
sans doute l’ensemble de ses caractéristiques qui ont conduit à son
choix pour être la porte d’entrée de l’Évangile dans cette région :
beaucoup de monde, des relations avec l’intérieur des terres, ce port
est un point de passage important entre l’Europe et l’Asie.
Toutefois un ensablement
progressif rendra de plus en plus difficile l’utilisation du port.
Éphèse et Milet sont actuellement à l’intérieur des terres.
L’Assemblée, ou le désir du
Seigneur pour l’église d’Éphèse
Les noms des villes où se
trouvaient les sept églises d’Asie ont une relation directe avec le
message qui leur est destiné : Éphèse signifie « désiré »
Dieu désire voir les hommes se
tourner vers Lui, se regrouper autour de lui, selon les premiers versets
de l’épître de Paul aux éphésiens, où il est parlé du bon plaisir de la
volonté de Dieu de réunir les hommes autour de Lui ; Et les habitants
d’Éphèse ont sans doute répondu au désir de Dieu dans un premier temps,
avant que ce reproche ne leur soit fait :
Mais j’ai contre toi que tu
as abandonné ton premier amour. (Apocalypse
2, 4)
Quel
était-il, ce premier amour, ou plutôt comment se manifestait-il ?
Nous pouvons voir, dans ce que
nous dit le livre des Actes, qui nous présente la courte histoire de
cette assemblée, le bon état du début, et la puissance de l’œuvre du
Saint Esprit.
Un couple, Aquilas et Priscilla,
exilés de Rome, puis compagnons d’œuvre et de travail de Paul à Corinthe
(Actes 18, 1-3) avec lequel ils faisaient des tentes, s’installe à
Éphèse (Actes 18, 19), et par leur témoignage actif, ils amenèrent
quelques éphésiens au salut. L’église se réunissait alors dans leur
maison. Apollos, homme éloquent et versé dans les écritures, s’associa à
ce travail. Il se rendit très utile à ceux qui avaient cru.
Paul y séjourne trois ans au
cours de son 3e voyage. Les trois premiers mois, il prêche
librement dans la synagogue, mais l’opposition s’organise. Les juifs
refusent et contestent le chemin du salut.
Paul se retire dans l’école de
Tyrannus, pour continuer à enseigner (Actes 19, 9). Cette école devient
un centre de rayonnement de la Parole de Dieu dans toute cette province
d’Asie pendant deux ans. Les ressortissants des villes à l’entour
viennent régulièrement au chef lieu de la province, et peuvent ainsi
fréquenter l’école de Tyrannus, accepter le message du salut et
repartent chez eux transformés par la grâce. C’est ainsi que l’évangile
conquière une bonne partie de la province.
La
puissance de l’Esprit est remarquable, dans ces premiers temps de
développement. Des miracles extraordinaires s’opèrent par les mains de
Paul (Actes 19, 11) La Parole agit avec puissance, amenant beaucoup de
ceux qui s’adonnaient à des pratiques curieuses (sorcellerie, magie) à
venir brûler leurs livres devant tous. (Actes 19, 19). Et nous pouvons
ainsi associer la puissance de l’expression de l’Esprit avec la vigueur
de l’amour pour notre Seigneur.
La puissance de l’Esprit qui se
manifeste par le développement de l’assemblée, entraîne une réaction du
monde. Un industriel, ayant basé sa richesse et son influence sur la
fabrication de petits temples de Diane en argent, soulève tous les
artisans, qui veulent protéger leur source de revenus. L’émeute est
vive, les compagnons de Paul sont pris à parti, et Paul part en Grèce.
Il reverra les frères de
l’assemblée d’Éphèse à Millet en se rendant un peu plus tard à Jérusalem
(Actes 20, 17). Dans un véritable testament spirituel, il leur fait un
avertissement :
« Je sais… qu’il entrera
parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et
il se lèvera d’entre vous des hommes qui annonceront des doctrines
perverses pour attirer les disciples après eux. Actes 20, 29-30
Cette prophétie s’est réalisée,
ce sont les faux apôtres et les menteurs, mais aussi les Nicolaïtes. Les
Nicolaïtes cités ici ont été diversement interprétés. Il est possible,
si on se réfère à l’étymologie, (nikao= vaincre, conquérir, et
laos = peuple) de comprendre ce terme comme « les conquérants du
peuple », un clergé dominateur qui aurait présenté une doctrine perverse
leur donnant un ascendant sur leur frères. Cette doctrine n’était pas
acceptée dans cette église du début, mais comme nous le verrons plus
loin, elle s’était installée dans l’église de Pergame.
Tes œuvres, ton travail, et
ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants…
Une autre exhortation en 1
Thessaloniciens 1, 2-3, caractérisait sans doute toutes les églises du
début de l’histoire du christianisme ; Ce livre a été écrit en l’an 52
environ. En 95, Jean s’adresse aux éphésiens. Le parallèle peut être
fait entre les expressions de 1 Thessaloniciens 1, 2-3 et Apocalypse 2,
2 :
Thessaloniciens (en 52) |
Apocalypse (en 95) |
L’œuvre
de votre foi |
tes
œuvres |
Le
travail de votre amour |
ton
travail |
Votre
patience d’espérance |
ta
patience |
Quelle sécheresse dans cette
comparaison ! Quarante ans se sont écoulés, et la foi, l’espérance et
l’amour se sont évanouis.
Que s’est il passé ? Le port
s’est ensablé ! Le monde a envahi sournoisement les maisons et les
cœurs. Pourtant, toutes les fonctions existent encore, mais il y a du
sable dans les rouages, la marche devient plus difficile, et tout ce que
l’on construit alors ne repose plus sur des fondations solides.
Les
œuvres
peuvent subsister, même lorsque l’esprit de foi qui les a engendré s’est
évanoui. Les moyens financiers ou techniques permettent de faire
beaucoup, mais alors, est ce le Seigneur qui nous dirige ?
Le
travail
peut demeurer, voire augmenter, même lorsque l’amour ne l’inspire
plus. Il y a peut être aussi une relation avec la perte d’activité
progressive du port d’Éphèse par un ensablement et la diminution de
l’ardeur pour Christ. Est-ce que nous nous laissons envahir par tout ce
qui vient du monde, et qui pénètre partout, comme du sable dans une
maison près de la plage ? Le travail persiste, il faut peut être
essayer de chasser le sable, mais le premier travail de l’assemblée
d’Éphèse, c’était de faire parvenir à l’intérieur des terres ce qui
arrivait au port, de communiquer à ceux qui venait dans cette capitale
ce qui venait de Dieu.
La
patience
sans espoir, c’est du fatalisme, proche du renoncement !
Quelle est notre espérance ?
Être avec Lui, voir sa beauté, chantons nous parfois.
Que cette
espérance nous fortifie pour nous rendre persévérant dans
notre service. Si nous gardons nos yeux sur Jésus, nous serons éclairés
et réchauffés par son amour.
Nous désirons que chacun de
vous montre la même diligence pour la pleine assurance de
l’espérance jusqu’au bout, afin que
vous ne deveniez pas paresseux mais imitateurs de ceux qui, par
la foi et par la patience,
héritent ce qui avait été promis.
Hébreux 6, 11,12
Menaces de jugement
Souviens toi donc d’où tu es
déchu (tombé), et repens toi (Apocalypse2,
5)
D’où venaient ils ? D’où
étaient ils tombés ? Où étaient-ils avant de tomber ?
Christ nous a fait asseoir
ensemble dans les lieux célestes en Christ,
(Éphésiens 2, 6)
C’était leur position au début
du développement de cette assemblée. C’est la notre aussi, mais nous
l’oublions, ou nous n’y croyons pas parce que c’est trop éloigné de
notre pratique journalière.
L’apôtre nous réveille pour que
nous revenions à notre position antérieure, pour que nous en jouissions.
Le Seigneur nous a béni dans le passé. Le chandelier de notre témoignage
brille-t-il toujours du même éclat ?
Il nous faut d’abord nous
souvenir de la position que nous a donné Christ, nous repentir, puis
nous détacher de la masse et vaincre l’indifférence et la médiocrité
ambiante, tous les détours, de toutes les haltes inutiles que nous avons
faits dans notre parcours. Alors nous retrouverons le premier amour, et
reviendrons à ces premières oeuvres, pleines de flammes pour notre
Sauveur.
Smyrne
Et à l’ange de l’assemblée
qui est à Smyrne, écrit, Voici ce que dit le premier et le dernier, qui
a été mort et qui a repris vie,
Je connais ta tribulation,
et ta pauvreté (mais tu es riche), et l’outrage de ceux qui se disent
être Juifs; et ils ne le sont pas, mais ils sont la synagogue de Satan.
Ne crains en aucune manière
les choses que tu vas souffrir. Voici, le diable va jeter quelques-uns
d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une
tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai
la couronne de vie.
Que celui qui a des oreilles
écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées. Celui qui vaincra n’aura
point à souffrir de la seconde mort.
La ville
Smyrne fut fondée près de 1000
ans avant l’ère chrétienne. Détruite par des conquérants lydiens au VIIe
siècle avant Jésus Christ, elle fut reconstruite au IVe
siècle à l’époque d’Alexandre le Grand. Dès lors, la ville s’est
développée, et fut pendant vingt siècles le port principal de la mer
Égée, sur la cote Est. Son importance s’est accrue avec la perte
d’influence économique d’Éphèse en raison de la diminution de son trafic
portuaire, liée à son ensablement.
Aujourd’hui, la moderne Izmir,
peuplée d’un demi million d’habitants, est la troisième ville de la
Turquie. C’est aussi le chef lieu de l’une de ses plus riches
provinces ; son université, sa foire internationale annuelle, ses
installations portuaires assurent sa réputation et sa prospérité.
L’assemblée de Smyrne
Cette assemblée est l’église de
la souffrance. Dans les quatre versets composant la lettre à Smyrne, les
termes évoquant la souffrance reviennent 5 fois.
Aux jours apostoliques, les
commerçants de Smyrne faisaient déjà fortune. Mais
malheur à ceux
qui cherchaient à s’introduire dans leurs corporations sans se soumettre
aux exigences du culte païen. Les chrétiens n’hésitèrent pas à refuser
les compromis pour ne pas perdre la communion avec le Seigneur.
Les juifs étaient nombreux dans
cette cité, plaque tournante des affaires. Leurs préoccupations étaient
tournées vers leur prospérité, et ils étaient les pires ennemis des
chrétiens qui ont peut être cherché appui auprès d’eux. Ils sont appelés
« une synagogue de Satan », qui évoque une forme virulente d’opposition
religieuse.
Aux yeux du monde, démunie,
pauvre, l’église de Smyrne est riche aux yeux de Dieu.
Les souffrances qu’elle va
traverser lui sont annoncées.
Les dix jours de tribulation
peuvent évoquer les dix périodes pendant lesquelles l’église des
catacombes fut persécutée, de Néron (64-68) à Dioclétien (303-313).
Les souffrances supportées par
les chrétiens des deux premiers siècles de l’ère chrétienne ont permis à
la foi de se répandre, et les églises d’alors étaient bien plus fidèles
et glorieuses que celles de l’époque des cathédrales.
Le nom symbolique de Smyrne
Le mot Smyrne dérive du grec
murna, la myrrhe, qui était apportée d’Orient en ce port de la mer
Égée où elle faisait l’objet d’un trafic d’une telle ampleur qu’elle
donna son nom à la cité. La myrrhe s’écoule d’une blessure faite sur
l’écorce d’un arbrisseau d’Arabie. On en faisait du parfum, mais elle
servait aussi d’antispasmodique et d’analgésique.
Cet aromate, dont la senteur se
répandait dans les rues de ce port, n’évoque t il pas le sacrifice
d’agréable odeur à l’Éternel consenti par les chrétiens de Smyrne,
lorsqu’ils souffrirent le martyre ?
Quand les mages ont présenté à
Christ leurs présents, ils ont apporté de l’or, que l’on offrait en
hommage aux rois ; de l’encens, que l’on présentait aux divinités ; et
de la myrrhe, symbole des souffrances et de l’humanité de Christ
(Matthieu 2, 11). Lorsque Nicodème et Joseph d’Arimathée ont enseveli
Jésus, ils embaumèrent avec de la myrrhe son corps marqué des empreintes
de la souffrance qu’il a endurée pour le monde (Jean 19, 39-40). Mais
quand Christ reviendra pour imposer son règne, on ne lui présentera plus
de myrrhe, car ce ne sera plus pour lui le temps de souffrir. Comme
l’annonce le prophète, les nations lui porteront de l’or et de l’encens,
car elles le reconnaîtront enfin comme leur roi et leur Dieu. (Ésaïe 60,
6)
Pergame
12 Et à l’ange de
l’assemblée qui est à Pergame, écris, Voici ce que dit celui qui a
l’épée aiguë à deux tranchants,
13 Je sais où tu habites,
là où est le trône de Satan; et tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas
renié ma foi, même dans les jours dans lesquels Antipas était mon fidèle
témoin, qui a été mis à mort parmi vous, là où Satan habite.
14 Mais j’ai quelques
choses contre toi, c’est que tu as là des gens qui tiennent la doctrine
de Balaam, lequel enseignait à Balak à jeter une pierre d’achoppement
devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des choses sacrifiées
aux idoles et qu’ils commissent la fornication.
15 Ainsi tu en as, toi
aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes pareillement.
16 Repens-toi donc;
autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par
l’épée de ma bouche.
17 Que celui qui a des
oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées. A celui qui vaincra,
je lui donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc,
et, sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon
celui qui le reçoit.
La ville
L’origine de Pergame est très
ancienne ; Alexandre le Grand la conquit, et jusqu’en -133, ce fut une
capitale extrêmement riche, où la démesure semblait recherchée. Il
fallait faire mieux et plus grand qu’ailleurs. L’un de ses rois
constitua une bibliothèque qui dépassa, avec 200 000 livres, celle
d’Alexandrie. L’utilisation de parchemins facilita les ambitions de ce
roi ivre de gloire. Cette bibliothèque fut offerte à Cléopâtre par
Antoine.
Les aspirations intellectuelles
et spirituelles de ses habitants les portaient à développer de très
nombreux temples ou lieux de culte consacrés aux dieux grecs, mais nous
pouvons penser que leur tolérance était grande : ils accueillaient aussi
des mages chaldéens chassés de Babylone par les Perses et qui pouvaient,
à Pergame, continuer leur culte mystérieux et leurs enchantements sans
être inquiétés. Le principal prêtre babylonien portait le titre de
Pontifex Maximus et ce titre fut offert à César en -133, lorsque le
roi de Pergame se soumit à Rome. La traduction de Pontifex Maximus
est Souverain Pontife, titre qui est toujours porté aujourd’hui. Nous
voyons ainsi un lien étroit entre le pouvoir politique et l’adoration
qui n’est pas selon Dieu, et qui se manifestera davantage encore lors de
la construction en l’an 19 de l’ère chrétienne d’un temple à César
Auguste.
L’église
Une telle accumulation de faux
dieux, la puissance des ténèbres se manifestant autour d’une petite
église n’était sans doute pas facile à vivre. Nous ne sommes plus à
Éphèse, où malgré l’ennemi, l’Esprit manifestait sa puissance.
La lutte est quotidienne, et
bien que l’assemblée conserve les enseignements divins, certains
cherchaient des arrangements, des adaptations peut être. Car si le monde
tolère les chrétiens, comme la société de Pergame qui semblait bien
tolérante pour de nombreuses formes de cultes, c’est au prix d’une
tolérance réciproque, d’une caution morale peut être aussi, dans
laquelle le vrai croyant ne peut plus manifester son rôle de lumière au
milieu des nations, et s’il dénonce le mal, il est rejeté. Alors, de
silences en compromissions, le mélange se fait doucement, et avec le
temps, il est bien difficile de faire la différence entre enfants de
Dieu et serviteurs des voluptés humaines.
En lisant les quelques versets
qui composent cette lettre, nous rencontrons Balaam et Balak, et un
retour au livre des Nombres nous montrent les contraintes que peut
exercer le pouvoir temporel sur ce qui est spirituel ; C’est une
préfiguration des alliances que nous pourrons voir plus tard dans
l’histoire de l’humanité, avec les églises officielles ou les religions
d’états. Un mélange entre ce qui est de l’homme et ce qui est de Dieu.
Mais cette évocation de Balaam,
faux prophète ami de l’argent et des honneurs, va plus loin, car à
travers elle, nous savons que Satan cherche alors à attirer une
malédiction sur le peuple. Les enchantements ne fonctionnent pas, car il
y a toujours une protection particulière des enfants de Dieu contre les
maléfices.
Alors, le Diable sait très bien
comment nous détourner : au début du chapitre 25 du livre des Nombres,
sans transition, et apparemment sans lien avec ce qui précède, que
pouvons nous lire ?
Et Israël habitait en Sittim;
et le peuple commença à commettre fornication avec les filles de Moab ;
et elles invitèrent le peuple aux sacrifices de leurs dieux, et le
peuple mangea, et se prosterna devant leurs dieux.
(Nombres 25 : 1-2)
C’est par la convoitise
charnelle que les fils d’Israël s’éloignent de Dieu. Ils n’avaient pas
été ébranlés par les enchantements de Balaam, mais ont été détournés par
les charmes des filles de Moab. Satan sait très bien quels sont nos
points faibles, et place dans le monde tant de choses attirantes ou
intéressantes !
Parmi
tous les lieux de culte de cette ville, il y avait un temple à Dionysos,
ou Bacchus, le dieu du vin. Des bacchanales y étaient organisées, fêtes
de débauches cultuelles où avaient lieu toutes sortes d’excès.
L’expression ou même l’exaltation des plaisirs de la chair était
considérée comme un mode d’adoration.
Comme pour les autres églises,
le nom de cette ville a son importance : Pergame signifie « par mariage
ou par alliance » nous retrouvons en français la même racine dans monogame
et polygame.
Si ce thème ressort de cette
étude de la lettre à Pergame, c’est que Dieu veut encore nous mettre en
garde des alliances ou des arrangements avec le monde, bien sûr, mais
aussi en particulier, nous rappelle de ne pas faire de compromis avec le
monde sur ce sujet si important qu’est le mariage de ses enfants.
Je ne peux pas prolonger sur ce
point, que vous n’attendiez peut être pas rencontrer dans ces chapitres,
mais avant tout engagement affectif, pour ceux qui sont en âge d’y
penser et pour les autres aussi, revenez à cette assemblée de Pergame
qui n’avait pas renié sa foi, qui tenait ferme le nom du Seigneur, mais
dont une partie, dans l’ombre, cherchait des compromis. Nous pourrions,
si nous n’y faisons pas garde, continuer notre vie dans l’assemblée,
avec une partie de notre cœur cherchant peut être des arrangements avec
le monde. Si nous persistons dans l’association entre ce qui est à Dieu
et ce qui vient du monde, nous nous exposons au jugement de Dieu, qui ne
peut pas nous laisser faire indéfiniment. Il interviendra par « l’épée
de sa bouche », et nous souffrirons. Quelle association peut il y avoir
entre ce qui est saint et ce qui vient du monde ?
Un dernier mot sur le caillou
blanc : il peut avoir trois significations : c’est un bulletin de vote,
comme lorsque Paul a consenti à la mort d’Étienne, (et nous sommes élus
pour la vie) ce peut être aussi un acquittement, avec l’utilisation d’un
caillou noir pour les condamnations, (nous sommes graciés, acquittés par
le sacrifice du Seigneur Jésus), et c’est encore une invitation à un
banquet, (à ce banquet de la grâce où une place nous est réservée). Dans
cette ville qui a été à l’origine du développement du parchemin, (en
allemand, parchemin se dit pergament) et dont la gigantesque
bibliothèque, pleine d’écrits inspirés par la sagesse humaine, a
disparu, il est rassurant de voir que Dieu, lorsqu’il communique par
écrit avec ses rachetés, utilise des supports durables et inaltérables.
De cette grande ville
influente, il ne reste aujourd’hui qu’un champ de ruines au milieu
duquel broutent quelques moutons. À quoi lui ont servi ses alliances, et
sa grande tolérance ?
Thyatire
18 Et à l’ange de
l’assemblée qui est à Thyatire, écris, Voici ce que dit le Fils de Dieu,
qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont
semblables à de l’airain brillant,
19 Je connais tes oeuvres,
et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes
dernières oeuvres qui dépassent les premières.
20 Mais j’ai contre toi,
que tu laisses faire la femme Jésabel qui se dit prophétesse ; et elle
enseigne et égare mes esclaves en les entraînant à commettre la
fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles.
21 Et je lui ai donné du
temps afin qu’elle se repentît; et elle ne veut pas se repentir de sa
fornication.
22 Voici, je la jette sur
un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle, dans une grande
tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses oeuvres;
23 et je ferai mourir de
mort ses enfants; et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui
sonde les reins et les coeurs; et je vous donnerai à chacun selon vos
oeuvres.
24 Mais à vous je dis, aux
autres qui sont à Thyatire, autant qu’il y en a qui n’ont pas cette
doctrine, qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils
disent, je ne vous impose pas d’autre charge;
25 mais seulement, ce que
vous avez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne.
26 Et celui qui vaincra, et
celui qui gardera mes oeuvres jusqu’à la fin, -je lui donnerai autorité
sur les nations;
27 et il les paîtra avec
une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi
aussi j’ai reçu de mon Père;
28 et je lui donnerai
l’étoile du matin.
29 Que celui qui a des
oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées.
La ville
Construite en Asie Mineure vers
300 avant JC, sur la route reliant Pergame à Sardes, Thyatire
était un centre commercial gardé par une garnison, dans une vallée.
Cette ville est évoquée dans le
livre des Actes, à propos de Lydie, marchande de pourpre de la ville de
Thyatire, certainement une sorte d’agent commercial écoulant la
production locale dans les autres provinces de l’empire romain.
Thyatire
était donc connue pour la teinture pourpre. Cette couleur donnait aux
vêtements et à ceux qui les portaient un aspect noble, privilégié.
C’était la couleur de vêtements d’apparat ou de fêtes réservés aux
nobles ou aux riches, car cette couleur coûtait cher. Vous
avez sans doute entendu dire qu’elle était extraite à partir d’un
coquillage, le murex, avec un très mauvais rendement. Il fallait
beaucoup de coquillages pour fournir tous les besoins (12 000
coquillages pour 1,4 gramme de teinture). Des recherches archéologiques
pratiquées ailleurs ont mis en évidence des collines entières
constituées des coquilles vides après extraction de l’animal.
Mais
vous avez sans doute remarqué que Thyatire était à l’intérieur des
terres. Ici, la pourpre était extraite de la garance, une racine, moins
onéreuse que la teinture de Tyr, venant du coquillage. Cette ville s’est
donc enrichie par cette technique à base de végétaux, qui a détrôné la
première, et a été utilisée jusqu’à l’aube du XXe siècle.
Pourquoi parler de cette
production de teinture ?
Je ne peux m’empêcher de penser
au sacrifice d’Abel, qui fut agréé par Dieu, fait du sacrifice d’un
animal, et à celui de Caïn, rejeté, car il avait présenté à Dieu des
fruits produits par son travail de la terre. Les deux sacrifices se
voulaient agréables, comme, trempés dans la teinture du murex ou de la
garance, les vêtements étaient censés anoblir. Chacun voulait paraître
noble. Si l’apparence est semblable, pourtant symboliquement, nous
pouvons sentir déjà dans cette ville de Thyatire l’influence de l’homme,
son désir de s’élever, de s’anoblir par ses propres forces, en oubliant
toute la valeur du sacrifice.
Est-ce une coïncidence si le
nom de Thyatire a pour racine thuo, sacrifier ?
L’activité économique se
développait aussi par la vente d’esclaves, par l’industrie du bois, du
tannage, et de la fabrication de chaudrons et de poteries, qui seront
évoquée à la fin de cette épître. Cette ville persiste encore, c’est
Akhisasar, dans l’ouest de la Turquie actuelle.
Les
reproches faits à Thyatire
-
Tu
laisses faire
Par faiblesse, par lâcheté,
pour ne pas avoir d’ennuis, pour ne pas casser ce qui semble
fonctionner, les anciens n’interviennent pas.
-
L’influence d’une femme
Ils auraient aussi pu se
souvenir de 1 Tim 2, 12, Je ne permets pas aux femmes d’enseigner
ni d’user d’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le
silence.
La référence à Jésabel,
femme d’Achab, roi faible en 1 Roi 16, 31 et 21, rappelle encore que
l’association de l’église avec le pouvoir politique pervertit le
service des saints sans avoir beaucoup d’influence sur ceux qui
gouvernent.
Ce texte semble socialement
ou politiquement incorrect ; c’est une difficulté supplémentaire
pour nous, au XXIe siècle, pour donner à la Parole de
Dieu toute son autorité.
Il y avait peut être une
raison historique à la place laissée à la femme dans cette
assemblée : souvenons-nous de cette marchande de pourpre, Lydie, en
Actes 16, 14, femme de caractère qui contraignit les apôtres à
demeurer dans sa maison. Elle fut peut être considérée comme un
exemple à suivre par d’autres femmes dans cette ville.
-
Des
enseignements rajoutés qui ne correspondent pas à la volonté de Dieu
Si nous nous référons à la
représentation des sept églises, préfiguration des chrétiens dans le
temps de la grâce, l’église de Thyatire évoque l’église catholique.
Il peut y avoir, dans une église ou une assemblée, des enseignements
complémentaires qui sont apparus au cours des siècles, et qui se
sont imposés par le poids de la tradition, tels que le culte à
Marie, les prières pour les morts, le célibat des prêtres, etc. Ces
versets nous sont donnés non pas pour que nous jugions les autres,
mais pour nous sonder nous même.
Nous aussi, nous avons le
risque d’oublier les exercices spirituels qui ont été ceux de nos
devanciers et de transformer des dispositions pratiques qu’ils ont
prises en commandements divins. Avons-nous, nous aussi, rajouté
par-dessus ce que nous avons reçu ?
Nous connaissons tous de
véritables croyants dans l’église catholique. Nous voudrions peut
être qu’ils sortent de cette église, et bien sûr, qu’ils viennent
avec nous. Que leur dit le Seigneur ?
Je vous dis, aux autres
qui n’ont pas cette doctrine, qui n’ont pas connu les profondeurs de
Satan, comme ils disent : je ne vous impose pas d’autre charge ;
mais seulement, ce que vous avez, tenez le ferme jusqu’à ce que je
vienne.
Si nous faisons un
rapprochement avec les paraboles de Mathieu 13, 33
Il leur dit une autre
parabole, Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une
femme prit et qu’elle cacha parmi trois mesures de farine, jusqu’à
ce que tout fût levé.
Nous sentons bien qu’il y a
des points communs entre les deux passages.
Ne savez-vous pas qu’un
peu de levain fait lever la pâte tout entière?
Ôtez le vieux levain,
afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain.
Car aussi notre pâque, Christ, a été sacrifiée, c’est pourquoi
célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de
malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de
sincérité et de vérité.
(1 Cor 5, 7 et 8)
1 Et à l’ange de l’assemblée
qui est à Sardes, écris, Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits
de Dieu et les sept étoiles, Je connais tes oeuvres, -que tu as le nom
de vivre, et tu es mort.
2 Sois vigilant, et
affermis ce qui reste, qui s’en va mourir, car je n’ai pas trouvé tes
oeuvres parfaites devant mon Dieu.
3 Souviens-toi donc comment
tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si donc tu ne veilles
pas, je viendrai sur toi comme un voleur, et tu ne sauras point à quelle
heure je viendrai sur toi.
4 Toutefois tu as quelques
noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements; et ils marcheront
avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes.
5 Celui qui vaincra,
celui-là sera vêtu de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom
du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses
anges.
6 Que celui qui a des
oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées.
La ville
Capitale de la Lydie, cette
cité, située au nord-est de Smyrne, au pied du mont Tmolus, est
naturellement protégée par des ravins, au fond desquels coulent à
l'ouest la rivière « le Pactole » (aujourd'hui Baguli) et, à l'est, un
ruisseau. Sur le haut de ces falaises, on construira un triple rempart
autour de l'acropole. La ville se développa, et des quartiers neufs
s’établirent en dehors de la citadelle ; Il y eut alors comme deux
villes, liées, l’une ancienne et l’autre nouvelle ; cela explique le
pluriel de Sardes, les Sardes. La ville ancienne dominait la ville
nouvelle, sa présence, sa vision permanente et le souvenir de son passé
glorieux semblaient rassurer ceux qui s’étaient installés dans les
quartiers récents.
L’économie de la cité
La cité antique connaîtra la
prospérité sous le règne de Crésus, roi de Lydie qui fut l’inventeur de
la monnaie.
De
l’or fut découvert dans le Pactole, qui coulait à coté de la ville.
Cette richesse « dormait » depuis toujours, à la disposition de tous
ceux qui auraient voulu s’en emparer. De même, les richesses contenues
dans la Parole furent très longtemps à la disposition de tous les
hommes, et il fallut attendre la réforme, pour que le salut par la foi
et la pleine suffisance du sacrifice du Seigneur Jésus soient
redécouverts et enrichissent la vie de tous ceux qui ont cru.
La découverte de cet or fit la
richesse de la ville, qui eut un marché de métaux précieux. Les fouilles
archéologiques mettront à jour près de 300 puits de fonte d'or.
Crésus sera vaincu et détrôné
par Cyrus. La tradition raconte ainsi comment Cyrus s'emparera de
Sardes. Il offrira une importante récompense à celui qui trouverait le
moyen de rentrer dans la ville fortifiée réputée imprenable. Un soldat
perse apercevra un Sarde laisser tomber son casque qui roulera le long
de la paroi. Ce soldat réapparaîtra, quelques instants plus tard, au
pied de la montagne pour récupérer son bien. Le soldat perse se dira que
si le sarde pouvait descendre la pente, alors les perses pouvaient la
remonter au même endroit. Un petit groupe de soldats empruntera ce
chemin et escaladera la montagne, la nuit tombée. Ils trouveront la
citadelle sans garde et la ville tombera aux mains de Cyrus.
Remarquons
qu’elle fut conquise par le coté réputé imprenable, dans lequel les
habitants mettait toute leur confiance ; ils avaient construit des
murailles au dessus d’une falaise, se confiant dans leur force, en
rajoutant par dessus ce que Dieu avait fait. N’est ce pas un risque pour
nous aussi, de construire des défenses humaines pour en rajouter par
rapport à ce que Dieu a prévu ? Et nous mettrions toute notre confiance
en ces triples enceintes de protection que nous aurions érigées ? Que
peuvent être ces protections humaines ? Peut être des procédures
d’admission, des règlements intérieurs, des protocoles dont la
compréhension est réservée à quelques initiés ?... Derrière toutes ces
constructions humaines, la vigilance décroît, et nous nous endormons.
Pourtant, nous voyons que ces protections n’ont pas suffi à Sardes.
C’est par la ville ancienne que
Sardes fut conquise. Les soldats envahisseurs n’ont pas combattu contre
les habitants des quartiers récents, plus jeunes et vigoureux que les
habitants de l’acropole. Ils les envahirent par surprise…
Cette histoire particulière
était connue des habitants de Sardes à l’époque de l’apôtre Jean. Les
termes de cette lettre, et en particulier Je viendrais sur toi comme
un voleur, qui nous semblent de loin symboliques, leur rappelaient
des événements très concrets.
Le
nom de Sardes
Venant du grec Sardonux,
ou sardoine, nous pouvons en retenir plusieurs significations, qui
toutes vont dans le même sens ;
Le sardius, ou rubis, est une
pierre précieuse qui pouvait être porté comme amulette pour conjurer le
mauvais sort : ainsi Sardes peut être traduit par « ceux qui
échappent ».
Mais ce rubis, de couleur rouge
foncé, nous rappelle le sacrifice du Seigneur Jésus. Cette vérité du
salut par la foi en l’œuvre du Seigneur Jésus a été révélée à nouveau au
début du réveil protestant. Mais ceux qui l’avait reçu se sont
progressivement endormis, ne conservant peut être qu’une amulette en
sautoir, sans donner l’importance qu’elle méritait à tout ce qu’ils
avaient reçu et entendu.
Le Seigneur est beaucoup plus
sévère pour l’assemblée de Sardes que pour celle de Thyatire. Ceux de
Sardes avaient reçu des richesses spirituelles, et s’étaient endormis…
Car à quiconque il aura été
beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé. (Luc
12, 48)
Les reproches faits à Sardes
Nous ne savons rien de précis
sur des faits reprochés à cette assemblée : les Nicolaïtes, ou Jésabel,
ce sont des éléments concrets, même si nous manquons un peu de détails
pour satisfaire notre curiosité. Les habitants de Sardes faisaient des
œuvres, ils se réunissaient dans leur église, ils louaient Dieu
Mais il leur est simplement
dit : tes œuvres ne sont pas parfaites. Cette expression est
suffisamment générale pour nous concerner nous aussi.
La réputation persistait :
tu as nom de vivre ; la façade est préservée, mais l’érosion a fait
son œuvre. Pour une église, après un temps de persécutions, la
reconnaissance du monde, le libéralisme, l’œcuménisme, font un travail
de sape. Dans notre vie, le confort matériel, la douceur de vivre,
(malgré notre façade et notre vie apparente), peuvent nous désigner pour
le même jugement : tu es mort.
Dieu ne
nous laisse pas sans ressources !
5 points sont mentionnés pour
revenir à Dieu :
Il n’y a pas là de solution qui
sorte de l’ordinaire, pourrions nous dire ! Et pourtant, le
faisons-nous ?
-
Nous
sommes peut être très vigilants (surtout pour les autres.)
-
Nous
participons peut-être à l’enseignement pour nous affermir l’un
l’autre.
-
Nous
savons que le Seigneur Jésus nous a donné la vie éternelle en
mourant à notre place, et nous sommes attentifs à revenir à
l’enseignement de nos devanciers ;
-
Nous
gardons sa Parole, nous la lisons et la méditons.
-
Mais
il y a encore ce repens-toi, qui nous gène un peu. C’est
quelque chose que l’on dit à un pécheur, d’habitude.
Quelle est l’appréciation de
nos œuvres par l’œil divin : « Je n’ai pas trouvé tes œuvres
parfaites » ? Pouvons nous contester ? Avons-nous assez d’orgueil
pour contester ? Alors, ce repens-toi est bien pour nous aussi.
Les vainqueurs ne seront pas
très nombreux dans cette assemblée : quelques uns seulement… Mais ceux
là, ils seront jugés dignes de porter une robe blanche et de marcher
avec le Seigneur.
Dans
cette ville de Sardes, nous avons parlé des 300 puits de fontes d’or,
que les archéologues ont découverts. Nous avons, nous aussi, une source
d’or inépuisable à notre disposition, dans laquelle nous pouvons puiser
chaque jour. Lorsque le Seigneur sera revenu, et que des
« archéologues » inspecteront nos maisons, ils y trouveront sans doute,
dans nos bibliothèques, sur les murs, sur nos tables de chevet, des
traces de l’exploitation de ce précieux minerai ; souhaitons que nos
« creusets » soient bien usés, par une exploitation quotidienne.
* * *
Les deux dernières lettres
concernent deux églises qui présentent deux points communs sur lesquels
je désire dire un mot :
Elles subsisteront toutes les
deux jusqu'à la fin, et toutes les deux aussi ont subi des tremblements
de terre majeurs. Lorsque nous regardons autour de nous l’évolution de
ce monde et l’effondrement moral de notre société, la destruction de la
cellule familiale, que l’on dit de plus en plus recomposée, la remise en
cause des fondements et des colonnes sociales jusqu’alors respectées,
nous reconnaissons ce même paysage de ruine morale dans lequel les
hommes entreprennent vainement de grands chantiers. Mais à ce climat, à
cet environnement, il y a deux réponses possibles, deux réactions
différentes que nous allons constater chez ces deux églises.
Encore un point commun que je
veux souligner : nous pourrions dire, selon une évaluation humaine, que
Philadelphie est la ville préférée, et Laodicée la pire de toutes.
Pourtant, il n’y a que pour ces églises que le Seigneur parle
directement de son amour pour nous :
-
Ils connaîtront
que moi je t’ai aimé,
pour Philadelphie,
-
Je châtie tous
ceux que j’aime
pour Laodicée
Oui, même pour Laodicée, que
nous considérons comme la pire des églises, le Seigneur redit son amour,
pour justifier le châtiment promis, et inciter ces enfants à revenir à
Lui.
Bien sûr, la signification des
deux passages est différente, mais Dieu aime tous ses enfants, et nous
pouvons être sûrs de son amour, même quand nous nous sommes éloignés de
Lui.
Philadelphie
7 Et à l’ange de
l’assemblée qui est à Philadelphie, écris, Voici ce que dit le saint, le
véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et nul ne
fermera, qui ferme et nul n’ouvrira,
8 Je connais tes oeuvres.
Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut
fermer, car tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas
renié mon nom.
9 Voici, je donne de ceux
de la synagogue de Satan qui se disent être Juifs, -et ils ne le sont
pas, mais ils mentent; voici, je les ferai venir et se prosterner devant
tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé.
10 Parce que tu as gardé la
parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve
qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui
habitent sur la terre.
11 Je viens bientôt; tiens
ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne.
12 Celui qui vaincra, je le
ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus
jamais dehors; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la
cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès
de mon Dieu, et mon nouveau nom.
13 Que celui qui a des
oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées.
La ville
Petite
cité fondée en –189, suite à un accord entre deux frères, le roi de
Pergame et le roi de Lydie, son nom signifie amour fraternel.
Située sur la route de
l’Euphrate, c’est la dernière étape pour les caravanes qui viennent de
l’Orient avant d’arriver aux ports d’Éphèse et de Smyrne, mais c’est
aussi la porte d’accès à cet Orient pour tous ceux qui y vont.
Fortement imprégnée de culture
grecque, elle prospéra pendant environ 2 siècles jusqu’à sa destruction
complète en l’an 17 de l’ère chrétienne par un tremblement de terre.
L’empereur Tibère ordonne sa reconstruction, et lui donne le nom de
Nouvelle Césarée. C’est le nom qu’elle a, à ce moment de son histoire,
mais l’apôtre préfère reprendre le nom de Philadelphie dont la
signification est bien plus forte.
L’Assemblée
La ville n’est pas très
peuplée, elle a été très affaiblie par des séismes réguliers ; Toutefois
Dieu a placé à cet endroit ce témoignage, car la position stratégique
est importante pour son plan de développement de l’évangile, à la porte
de la route de l’orient.
Mais il y a de l’opposition, la
synagogue de Satan, et certainement bien des tentations pouvant
entraîner nos frères et sœurs à abandonner la Parole de Dieu, et à
renier son nom.
À ces difficultés spirituelles,
s’ajoutent des conditions matérielles précaires : nous sommes, à
l’écriture de cette lettre, environ 72 ans après la destruction complète
de la ville. La région instable et les fréquentes répliques font que
cette ville ne se développera jamais. Il y a une sorte de crainte et
d’insécurité permanente, et nous comprenons ainsi différemment les
expressions utilisées :
Je le ferai une colonne dans
le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors;et j’écrirai
sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la
nouvelle Jérusalem
La
promesse d’être une colonne dans le temple de Dieu, non seulement
dressée mais aussi soutenant la structure, alors qu’autour d’eux, au
milieu des ruines, tout s’écroule régulièrement, quand ces chrétiens
fidèles de Philadelphie se précipitent dehors au moindre frémissement du
sol par crainte d’être écrasés par leur maisons : Dieu ouvre leurs yeux
sur une perspective de paix avec la promesse d’une nouvelle cité, la
Sainte Jérusalem, sans tremblement de terre, sans persécution.
Dieu avait vu leur marche dans
les difficultés, Il connaissait leurs œuvres, leur fidélité à sa Parole
et à son nom. Il ne leur fait aucun reproche
N’as-tu pas dit, Seigneur, que
tu ne changes pas ?
Ta Parole, certaine, éternelle,
immuable,
Soutien de notre vie et guide
de nos pas,
Quand tout croule ici-bas,
demeure inébranlable.
Les vainqueurs, ce sont ceux
qui ont le sentiment d’avoir peu de force, qui restent fidèles à la
Parole de Dieu et ne renient pas le nom du Seigneur. Nous souvenant de
l’attitude de Pierre avant la crucifixion, rappelons ce qu’il dit dans
sa première épître :
Ne craignez pas leurs
craintes, et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez le Seigneur le
Christ dans vos coeurs; et soyez toujours prêts à répondre, mais avec
douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui
est en vous (1
Pierre 3, 15)
Un simple parallèle, avec
Mathieu 13, pour citer la parabole correspondante :
Le royaume des cieux est
semblable à un marchand qui cherche de belles perles, et ayant trouvé
une perle de très grand prix, il s’en alla, et vendit tout ce qu’il
avait, et l’acheta.
C’est ainsi que le Seigneur
voit son église, et en particulier celle de Philadelphie.
Laodicée
14 Et à l’ange de
l’assemblée qui est à Laodicée, écris, Voici ce que dit l’Amen, le
témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu,
15 Je connais tes oeuvres,
-que tu n’es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu fusses ou froid
ou bouillant!
16 Ainsi, parce que tu es
tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma
bouche.
17 Parce que tu dis, Je
suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien; et que tu
ne connais pas que, toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre,
et aveugle, et nu,
18 je te conseille
d’acheter de moi de l’or passé au feu, afin que tu deviennes riche, et
des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité
ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies.
19 Moi, je reprends et je
châtie tous ceux que j’aime; aie donc du zèle et repens-toi.
20 Voici, je me tiens à la
porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte,
j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi.
21 Celui qui vaincra, -je
lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j’ai
vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône.
22 Que celui qui a des
oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées.
La ville
La ville de Laodicée,
anciennement appelée Diospolis, cité de Jupiter, fut conquise en 250 av
JC par Antiochus II qui l'appela ainsi en l'honneur de son épouse,
Laodice. La ville était peuplée de syriens et de juifs anciennement
déportés à Babylone.
A
60 Kms d’Ephèse et à 15 Kms de Colosses, construite au confluent du
Lycus et du Méandre, c’est un nœud de communication stratégique dans
cette région, avec trois axes principaux lui permettant de contrôler
toute la frontière ouest de la Phrygie. Centre commercial important,
réputé pour son industrie textile, la ville tira très vite sa célébrité
du tissage de la laine noire et brillante utilisée pour faire des tapis
et des vêtements. La ville prospérait avec dans ses environs une riche
agriculture et un fort cheptel de moutons.
Sa position géographique entre les ports de la mer Égée et le continent
avait fait de Laodicée
une riche place
financière contrôlée en majorité par les juifs. Lorsque la ville fut
détruite par un tremblement de terre en l’an 60 de l’ère chrétienne, les
habitants de Laodicée refusèrent l’aide des bourgades voisines qui
voulaient participer à un effort de reconstruction. Ils avaient
suffisamment de réserves financières, d’or, et d’orgueil, pour vouloir
se passer des autres.
Un autre aspect important de
cette ville est qu’elle possédait une faculté de médecine réputée. La
ville, dès sa construction, a été construite à proximité de sources
d’eau chaudes. C’était une ville thermale, réputée et fréquentée. Le
choix avait été fait de
construire la cité à coté
des
sources d’eau chaude, pour bénéficier au mieux de son action
thérapeutique. Mais il n’y avait pas de source d’eau potable à Laodicée.
Celle-ci devait parcourir environ 20 Kms dans un système de
canalisations en pierres et dans un aqueduc construit à grand frais.
Lorsqu’elle arrivait
pour être bue, elle était tiède après son parcours en plein soleil. Les
habitants de Laodicée pouvaient se soigner, la ville était pleine de
malades, mais ils ne pouvaient pas être
rafraîchis par de l’eau
fraîche.
L’eau thermale tiède ne soigne
plus, l’eau potable tiède ne rafraîchit plus
Je voudrais que tu fusses ou
froid, ou bouillant …
Cette faculté de médecine avait
aussi une spécialité ophtalmique réputée, le baume de Phrygie, à base de
boues thermales locales.
Nous venons de relever 4 points
que l’apôtre retourne, en quelque sorte, pour faire comprendre aux
Laodicéens que leur orgueil, leur suffisance et leur échelle de valeur
corrompue les ont éloignés de Dieu : les vêtements noirs célèbres, leurs
richesses importantes, la température de l’eau, et le baume ophtalmique,
tout ce qui peut être à l’origine de leur fierté n’a pas de valeur
devant Lui.
Mais c’est parce qu’Il les aime
qu’Il les invite à la repentance.
Toutefois il ne force pas la
main. Il s’adresse à titre individuel à chacun de ses enfants et désire
être invité à entrer, pour un moment de communion particulier avec Lui.
Il ne s’adresse plus à l’église entière qui sera vomie de sa bouche,
mais à chacune de nos consciences. Il nous dit « Je suis près de vous,
je sollicite le droit d’entrer dans vos cœurs, dans vos vies »
Mais l’entendons nous ? Trop de
sollicitations couvrent facilement des petits coups frappés à la porte.
« Jésus frappe à votre porte »,
ce cantique ne s’adresse pas qu’aux inconvertis.
Notre Seigneur a l’humilité
d’attendre derrière la porte. Comme à Laodicée, avons-nous trop
d’orgueil pour lui ouvrir ?
Une dernière pensée sur cette
église : sur le plan spirituel, il y avait beaucoup de malades, et peu
de rafraîchissement. Ils s’étaient donnés la possibilité de soigner,
mais s’était éloignés de la source des eaux vives. Il y avait peut être
même des maladies liées à cette absence d’eau vive.
Qu’en est-il de nos
assemblées ? N’y a-t-il pas beaucoup de malades parmi nous, de frères et
sœurs qui ont besoin de rafraîchissements, qui sont peut être même
malades parce qu’ils n’ont pas assez bu ?
Prenons soin, dans nos
assemblées, de conserver des moments de rafraîchissement, en particulier
dans nos rencontres avec nos frères et sœurs, avec une eau qui vienne de
la bonne source.
Je n’ai pas encore parlé de la
signification du nom Laodicée : Lao, c’est le peuple et dike,
c’est la justice ou le droit. Laodicée pourrait être traduit par les
droits du peuple, ou pire encore, le peuple juste. Nous vivons dans un
monde où les droits de l’homme, et les revendications catégorielles sont
mis en avant, au détriment des droits de Dieu sur sa créature, mais
aussi dans un monde qui justifie tous ses comportements. Il suffit
d’obtenir une majorité, et la nouvelle loi est considérée comme la norme
à suivre. Que les églises soient attentives à résister à ce mouvement
humain pour que notre marche soit dirigée par l’Esprit de Dieu, et non
l’esprit de ce monde.
Peuple juste dans le monde
« juste » à Laodicée, peuple justifié dans les assemblées de Dieu. Que
le souvenir de ce que notre Seigneur a souffert pour nous justifier nous
donne l’humilité de rechercher sa volonté.
Et soyons attentif à tous les
petits signaux qu’il nous envoie, ces coups frappés à la porte de notre
cœur, dont le son est souvent couvert par tant de musiques et bruits du
monde. Quel privilège de passer un moment en tête à tête avec Lui, pour
recevoir ses encouragements et reprendre des forces pour le reste du
chemin !