Philip Nunn,
Armenia,
Colombie
septembre 2006
source : www.philipnunn.com
Voici, qu'il est bon et qu'il est agréable
que des frères habitent unis ensemble !
C'est comme l'huile précieuse, répandue sur la
tête,
qui descendait sur la barbe, la barbe d'Aaron,
qui descendait sur le bord de ses vêtements ;
Comme la rosée de l'Hermon,
qui descend sur les montagnes de Sion ;
car c'est là que l'Éternel a commandé la
bénédiction,
la vie pour l'éternité
(Dby)1
Ce psaume fait partie d’un groupe de 15 psaumes qu’on appelle « chants
des montées » ou « chants des degrés » (psaumes 120 à 134). La raison
pour laquelle ces psaumes sont regroupés n’est pas établie avec
certitude. Une hypothèse très plausible est qu’ils étaient chantés par
les adorateurs en route pour les fêtes juives à Jérusalem. Le thème du
psaume 133 s’accorderait avec cette hypothèse.
Le roi David, en tant que conducteur du peuple de Dieu, était un fin
observateur du comportement social. Il avait personnellement souffert
des effets de la jalousie, des commérages, de l’envie, des rivalités, et
des conflits. Mais, comme exprimé dans ce psaume, il observait aussi que
lorsque le peuple de Dieu habitait uni ensemble, Dieu agissait et
ajoutait quelque chose. Cette intervention divine rendait ces relations
mutuelles toutes spéciales ; il les décrit comme « bonnes et
agréables ». Cette expression de l’unité, nous l’appelons « communion ».
D’une façon surprenante, peut-être, le mot « unité » n’est que très peu
utilisé dans l’Écriture, seulement trois fois dans la Bible anglaise
(traduction King James et Darby2)
Ces passages sont les suivants :
-
Éphésiens
4 :3 – Unité de position : ici nous sommes
exhortés à « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la
paix » (Dby)3.
Cette unité entre tous les chrétiens nés de nouveau est réalisée par
l’Esprit. C’est une réalité de position. C’est un fait. Nous sommes
encouragés à faire tous nos efforts pour la garder, pour l’exprimer.
Mais ce n’est pas toujours facile ; aussi l’apôtre fait-il précéder
ce commandement par une exhortation : « Soyez toujours humbles,
aimables et patients, supportez-vous les uns les autres avec amour »
(Éphésiens 4 :2). Sans ces quatre qualités, cette unité divine ne
peut jamais être expérimentée.
-
Éphésiens
4 :13 – Unité future : quelques versets plus
loin, nous lisons que Dieu a donné à l’Église des hommes pourvus de
dons pour préparer son peuple à accomplir son service « jusqu'à ce
que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la
connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la
mesure de la stature de la plénitude du Christ» (Dby). Cette unité
est un but parfait vers lequel nous devrions tendre. Cet objectif
donne sa direction à tout ministère chrétien.
-
Psaume
133 :1 – Unité expérimentée : ici David observe
« qu'il est bon et qu'il est agréable que des frères habitent unis
ensemble ! » (Dby). Ce n’est pas une unité de position du fait de
l’appartenance à une même tribu ou nation. Cette unité n’est pas non
plus un but à atteindre, une destination future. L’unité que chante
David est une expérience pratique qui peut être vécue et appréciée
aujourd’hui, sur cette terre, par des gens comme vous et moi. La
traduction espagnole « RV60 » traduit l’idée par l’expression
habiter « ensemble en harmonie ». L’harmonie musicale est un son
agréable fait de notes différentes les unes des autres – une unité
délicieuse faite de diversité.
Pour nous aider à comprendre combien cette communion est « bonne et
agréable », le Roi David utilise ensuite deux images : celle de l’huile
versée sur la tête et celle de la rosée qui tombe sur une montagne. Des
expressions hébraïques comme celles-ci peuvent être mal comprises ; on
peut leur donner une signification qu’elles n’ont jamais eue. Des
lecteurs modernes peuvent être tentés d’ignorer les images moins
évidentes. Ma femme, par exemple, n’a jamais aimé les barbes, et encore
moins les têtes et les barbes pleines d’huile ! Cela pourrait avoir une
influence sur son appréciation de ce psaume. Mais lorsque ce psaume a
été écrit, il y a environ 3000 ans, ces deux images véhiculaient des
idées claires et positives. Explorons-les.
Image n°1 : l’huile précieuse versée sur la tête
Quiconque étudie la Bible découvre vite que l’huile est employée de
plusieurs manières dans l’Écriture. Elle est par exemple utilisée dans
l’alimentation, en médecine, dans des manifestations à but social et
dans des cérémonies religieuses. Elle est utilisée symboliquement pour
représenter la joie, le bonheur, la consolation ou la bénédiction.
L’huile est parfois utilisée comme une image de l’Esprit Saint. Au vu
d’un usage si riche, que pouvait-elle signifier dans ce psaume ?
L’expression « huile précieuse » suggère que ce n’était pas de l’huile
courante. L’auteur ne pensait pas à de l’huile de cuisine. Étant donné
qu’il n’y a pas de référence à la maladie dans ce psaume, cette huile
n’était probablement pas à usage médical. Nous lisons que cette huile
était versée sur la tête. Cette manière de faire était un geste pour
honorer un invité (Psaume 23 : 5 ; Luc 7 : 46) et aussi un rite au cours
d’une cérémonie (Lév. 14 :18). L’allusion à la barbe d’Aaron suggère que
ce psaume faisait référence à l’huile utilisée pour consacrer Aaron et
ses fils comme prêtres, c’est-à-dire « l’huile de l’onction sainte » ou
« l’huile sainte pour l’onction ». Nous trouvons dans Exode 30 :22-30
comment cette huile était fabriquée et utilisée.
Une caractéristique de cette huile sainte pour l’onction était son
odeur : il en est parlé comme d’un mélange odorant. Fabriqué par un
parfumeur, il est à base d’huile d’olive et inclut de la myrrhe fluide
en proportion importante, de la cannelle odorante, du roseau aromatique
et de la casse. Imaginez maintenant tout cela versé sur la tête
d’Aaron ; et pas seulement une petite quantité, mais assez pour que
cette huile dégouline sur sa barbe et jusqu’aux « franges de son
vêtement ». Peut-être sommes-nous maintenant plus à même de comprendre
l’usage de cette image dans ce psaume.
Cette unité, cette communion, ces relations mutuelles joyeuses au sein
du peuple de Dieu, voilà quelque chose qui sent très, très bon. Ce
parfum est attirant : « l’huile odorante et les parfums mettent le cœur
en joie » (Proverbes 27 : 9). Comme tout parent, Dieu se réjouit de voir
ses enfants se réjouir ensemble. En tant que membres de Sa famille, nous
savons que cette communion est quelque chose de doux ; même des non
chrétiens sont attirés par le parfum de relations saines et saintes.
Peut-être l’apôtre Paul avait-il cela à l’esprit lorsqu’il écrivait
« nous sommes, pour Dieu, comme le parfum de Christ parmi ceux qui sont
sur la voie du salut et parmi ceux qui sont sur la voie de la
perdition » (2 Corinthiens 2 : 15). Quel parfum se dégage-t-il de votre
famille et de votre assemblée chrétienne ? Et vous, contribuez-vous à la
délicatesse de ce parfum ? L’amertume, l’égoïsme, une attitude critique
et un esprit rancunier sont comme des mouches mortes – et « les mouches
mortes gâtent et font fermenter l’huile parfumée4 »
(Ecclésiaste 10 : 1).
Image n°2 : la rosée de l’Hermon qui descend sur
le mont de Sion
Cette image est un peu plus obscure, spécialement pour ceux qui ne sont
pas familiers de la géographie biblique. Le mont Hermon culmine à plus
de 2800 mètres et est situé à la frontière nord d’Israël ; on trouve
neige et glace sur ses sommets. Le mont Sion n’a que 800 mètres
d’altitude et se situe dans la moitié sud d’Israël ; c’est l’une des
collines sur lesquelles la cité de Jérusalem est fondée. Le roi David
veut illustrer « le plaisir et le bonheur pour des frères de vivre
ensemble, dans l’unité » et compare cela à « la rosée de l’Hermon qui
descend sur les montagnes de Sion » (Dby). Qu’est-ce que cela signifie ?
Quelques-uns suggèrent que, puisque le mont Hermon était dans le royaume
du Nord et le mont Sion dans le royaume du Sud, cette image est utilisée
pour encourager l’unité entre ces deux royaumes. Il est possible que
cela puisse avoir cet effet. Cependant, la nation d’Israël s’est divisée
en deux royaumes après la mort de David. Ce motif ne peut donc pas avoir
été à l’origine de la composition de ce psaume. D’autres suggèrent qu’il
est impossible à la rosée de l’Hermon de couler jusqu’au mont Sion – à
cause de la distance qui les sépare – et que cette image est celle d’un
miracle. Il est vrai que la communion au sein du peuple de Dieu est un
miracle, quelque chose d’origine divine, mais peut-être cette image de
la rosée a-t-elle une interprétation plus naturelle.
La rosée du mont Hermon est fraîche et abondante. Imaginez comment se
sentiraient ceux qui habitent dans la région du mont Sion en se
réveillant avec la rosée de l’Hermon : ce serait quelque chose de
rafraîchissant, de tonifiant ! Voilà à quoi ressemble la vraie
communion. C’est pour cela que David chante que l’expérience de l’unité
entre membres du peuple de Dieu est « bonne et agréable ». Bien des
années plus tard, l’apôtre Paul a aussi observé combien la communion
pouvait rafraîchir un chrétien fatigué : « nous avons été réjouis
beaucoup plus encore par la joie de Tite, dont l’esprit a été
tranquillisé5
par vous tous.» (2 Corinthiens 7 :13 – L.Segond). Il écrit à Philémon :
« nous avons une grande joie et une grande consolation dans ton amour,
parce que les entrailles6
des saints sont rafraîchies par toi, frère. » (Philémon 1 :7 - Dby). La
communion dans votre assemblée chrétienne rafraîchit-elle et
fortifie-t-elle ? Comment les autres se sentent-ils après avoir passé
quelque temps à parler avec vous ou après vous avoir rendu visite ?
Comme la rosée fraîche, la vraie communion rafraîchit et donne de la
vigueur.
Points communs entre l’huile et la rosée
Après avoir exploré les caractéristiques propres à l’huile et à la
rosée, nous remarquons que ces deux images ont quelques propriétés en
commun.
-
L’abondance :
l’huile est versée généreusement ; elle coule de la tête jusqu’au
bas des habits. La rosée est fraîche et abondante. Huile et rosée
sont l’image de la libéralité, de l’abondance. Avec davantage
d’huile, le parfum est plus prononcé ; avec davantage de rosée, le
rafraîchissement est plus grand. Cela n’a jamais été le désir du
Seigneur que les chrétiens vivent dans l’isolement. Il y a un temps
pour la solitude et il y a des raisons bibliques à la séparation ;
mais l’expérience de cette unité divine et abondante au sein du
Corps de Christ sera soit gâtée soit entravée si nous mettons à la
communion des conditions plus larges ou plus étroites que celles que
nous observons chez les apôtres et les chrétiens du Nouveau
Testament.
-
D’en
haut : L’huile est versée d’en haut et coule vers
le bas. La rosée tombe ou descend d’en haut. De la même manière, le
genre de communion qui enthousiasmait le roi David était plus qu’une
camaraderie naturelle. Sa source était divine. La communion
chrétienne, dans sa nature, est différente du plaisir que peuvent
éprouver des supporters de football qui se retrouvent. C’est plus
que le bonheur de faire partie de la même assemblée, de la même
dénomination ou du même cercle de communion. C’est davantage que
d’avoir des affinités intellectuelles ou d’être d’accord sur un
ensemble d’habitudes religieuses. Il y a quelque chose de divin
unissant tout le peuple de Dieu, et lorsque ce lien peut être
exprimé, il sent bon et rafraîchit l’âme.
Conclusion
Notre Seigneur Jésus a pensé à nous et a prié pour nous : « Père saint,
garde-les par le pouvoir de ton nom – celui que tu m’as donné – pour
qu’ils soient un comme nous le sommes … Consacre-les (mets-les à part
pour l’usage sacré) par la vérité. La vérité c’est ta Parole …
Qu’ils soient tous un… Père, qu’ils soient un en nous pour que le monde
croie que c’est toi qui m’as envoyé » (Jean 17 : 11-21 ; mots en
italiques ajoutés). Pour que le monde croie, il faut qu’il voie
quelque chose. De manière évidente, le Seigneur Jésus avait à l’esprit
une unité et la manifestation de cette unité. Est-ce une prière
impossible ? C’est un sérieux défi qui se présente à nous. Nous nous
sentons naturellement plus à l’aise avec ceux qui chantent comme nous et
qui partagent nos habitudes sociales et religieuses ; nos consciences
sont tranquilles lorsque nous avons affaire à des chrétiens avec
lesquels nous sommes d’accord sur tout. Est-ce là l’expression de
l’unité pour laquelle notre Seigneur priait ? Que le Seigneur nous
accorde sagesse et courage pour savoir quand IL voudrait que nous soyons
séparés et quand IL voudrait que nous coopérions. Là où l’unité
chrétienne peut être exprimée à bon droit, «c’est là que l’Éternel
accorde sa bénédiction et la vie pour toujours ». Et nous avons un
besoin urgent de cette bénédiction.