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Jésus


Remonter Suivante

Adopter la manière de penser de Jésus

Une étude des sentiments de Jésus

tels qu'ils nous sont rapportés dans l'évangile de Marc

 

Philip Nunn

Armenia, Colombie

Octobre 2003

source : www.philipnunn.com

Nous ne contrôlons pas grand-chose de ce qui se passe autour de nous. Nos réactions aux événements de la vie semblent refléter nos expériences précédentes et nos attentes. Que ressentez-vous quand vous rendez visite à des personnes malades à l'hôpital ? êtes-vous remué au-dedans de vous lorsque vous voyez une grande pauvreté et une grande misère à la télévision ? Comment réagissez-vous émotionnellement envers ces chrétiens qui agissent différemment de la manière dont vous le feriez normalement ? Comment vous sentez-vous quand vous vous trouvez blessé par ce que d'autres vous ont fait ? Nos réactions émotives dans de telles circonstances mettent à nu notre système fondamental de valeur. Quelles émotions Jésus a-t-il montrées ?

De tous les évangiles, l’évangile de Marc est peut-être celui qui rapporte le mieux certaines des réactions émotionnelles de notre Seigneur Jésus. Ces émotions, je pense, nous ouvrent une fenêtre sur son cœur. Elles nous montrent ce qui est important pour lui et ce qu’il désapprouve fortement. Elles nous exposent son système de valeur. Comme nous le savons, Jean Marc, qui est probablement l’auteur de cet évangile, n'était pas l'un des douze disciples du Seigneur1. Quand il était jeune homme, il a sûrement dû habiter à Jérusalem avec sa mère Marie (Actes 12. 12, 25). Il a probablement vu certains des miracles de son Seigneur et il a pu apprécier une part de son enseignement. Il avait été suffisamment impressionné au point de sortir en courant de nuit pour être témoin de l'arrestation de Jésus (Marc 14. 51,52). Qu'a pu voir ce jeune homme des souffrances de Christ avant de s’échapper ? Bien que nous associions habituellement Jean Marc à Paul et à son oncle Barnabas ainsi qu’à son échec lors d’un voyage missionnaire, nombre d'éléments bibliques et tradition laissent suggérer un lien fort entre Jean Marc et l'apôtre Pierre. Quand il a été libéré de prison, Pierre est immédiatement allé à la maison de Marie, la mère de Marc, où les croyants s'étaient réunis pour prier pour lui. Plus tard nous trouvons Marc avec Pierre à Rome, et Pierre parle de lui en disant « et Marc, mon fils » (1 Pierre 5. 13). L'apôtre Pierre doit être à l’origine d’une grande partie de ce qui est rapporté dans l’évangile de Marc, au point que ce livre a été appelé l'évangile de Pierre par quelques auteurs antiques. Bien que Pierre se soit adouci dans ses dernières années, son caractère impulsif et agressif était très différent de celui de notre Seigneur Jésus. Il s’était sûrement rendu compte que les sentiments et les réactions du Seigneur étaient souvent très différents des siens. Le Seigneur avait un système de valeur différent. Étudions ceci de plus près.

1. Les réactions de Jésus face à un monde dans le besoin

Avant que Marc n’ait terminé son premier chapitre, un lépreux contagieux et malodorant se jette au-devant de Jésus et le supplie : « si tu veux, tu peux me rendre net » (Marc 1. 40). Du fait que nous habitons ici en Colombie, un pays du tiers monde au chômage écrasant, nous recevons presque quotidiennement des demandes d'aide financière d'un endroit ou de l’autre. C’est émotionnellement fatigant. Personnellement, je préférerais ne pas voir tant de besoins. Mais le Seigneur a éprouvé de la compassion. Non pas « juste assez » pour laisser au lépreux une pièce de monnaie. Il a été « ému de compassion ». Ce qui s’en est suivi n'était pas une réponse froide et calculée par Jésus mais une réponse dirigée par la compassion : « Et Jésus, étendant la main, le toucha ». « Je veux » a t-il ajouté, « sois net ! » (Marc 1. 41). Plus tard, en chemin vers la mer de Galilée, il rencontre « un sourd qui parlait avec peine ». Ses amis ont supplié le Seigneur de le guérir.

Nous sentons ici combien le Seigneur a compris et ressenti la situation difficile de cet homme sourd et l'inquiétude de ses amis. Jésus, « regardant vers le ciel, [il] soupira2 et lui dit : ouvre-toi ! » (Marc 7. 32-35). Il est parfois pénible de vivre en ce monde déchu. Notre cher Seigneur a également senti cela.

Quand un groupe de personnes est grand, et que les besoins sont encore plus grands, nous pouvons devenir insensibles et réagir avec indifférence. Le Seigneur était fatigué. Il a essayé de s’éloigner avec ses disciples vers un endroit silencieux et de prendre un peu de repos. Ils le méritaient. Pourtant une grande foule les a retrouvés. Jésus pouvait-il voir dans la foule quelques visages qui hurleraient plus tard « crucifie-le » ? Le Seigneur ne savait-il pas qu’on ne peut pas faire confiance aux foules ? Ne se rendait-il pas compte que beaucoup avaient suivi par curiosité et pour leur profit personnel ? Pourtant, que lui est-il monté au cœur en voyant la foule ? « Et il fut ému de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Marc 6. 31-34). Il a senti leur besoin spirituel et matériel. Quand il a eu affaire à une autre grande foule, il avait expliqué à ses disciples : « Je suis ému de compassion envers la foule, car voici trois jours déjà qu’ils demeurent auprès de moi, et ils n’ont rien à manger ; et si je les renvoie à jeun dans leurs maisons, ils tomberont en défaillance par le chemin » (Marc 8 : 2,3). Il y a quelques mois j'ai prêté à une sœur ici en Arménie un commentaire sur les Éphésiens écrit par un auteur occidental. Après quelques semaines je lui ai demandé ce qu'elle en avait pensé. « J'ai été découragée par ce livre » m’a-t-elle dit. « Pourquoi ? », lui ai-je demandé, surpris. « Il m'a donné l'impression que nos bénédictions sont toutes dans les cieux et promises pour la vie future. Ce Christ ne s’inquiète pas de savoir que nous sommes en retard sur le paiement du loyer, que nos boulangers ont arrêté de nous faire crédit, que mon fils est malade au lit. Nous avons aussi besoin de la bénédiction du Seigneur aujourd’hui ! » Passez-vous actuellement par une étape difficile de la vie ? Le Seigneur sait ce que sont la douleur, les frustrations, et les injustices de la vie dans notre monde déchu. Son cœur est rempli de compassion et il comprend parfaitement chacun de nos besoins.

2. La réaction de Jésus face à l’asservissement [démoniaque] spirituel

L'évangile de Marc est un évangile d'action. Il nous présente Jésus en mouvement. Mais chaque action engendre une réaction. Nous y trouvons l'opposition au Seigneur et à son œuvre dans chacun des 16 chapitres, excepté celui du chapitre prophétique (13). Cette opposition est venue fondamentalement de deux sources : l’activité satanique et les technocrates religieux juifs. Dans 9 chapitres, diverses références sont faites aux démons, aux esprits immondes ou à Satan. L’évangile de Marc nous décrit plus d'activités démoniaques que les autres évangiles. Nous y trouvons Satan tentant Jésus, prenant la parole au travers de cœurs endurcis et s’exprimant au travers de Pierre. Nous lisons au sujet d’esprits impurs, qu’ils parlaient, criaient, secouaient des personnes, jetaient une personne à terre en grinçant des dents, rendaient muet, sec et violent et déchiraient les hommes avec une force extraordinaire. L’évangile de Marc fait référence à des démons possédant un homme (5. 8), une femme (16. 9), un enfant (9. 21), un lieu (5. 10), des animaux ( 5. 13). Le Seigneur chasse parfois les esprits immondes à distance (7. 29), parfois face à face après un dialogue avec eux (5. 8). Certains esprits immondes peuvent parler (1. 34), certains ont un nom et une volonté qui leur est propre (5. 9,12).

Vous ne connaissez peut-être pas très bien tous ces signes étranges et explicites d’asservissement satanique. Beaucoup de chrétiens civilisés et cultivés ont développé des modèles théologiques visant à limiter à un passé lointain ces phénomènes qui mettent mal à l'aise. Mais beaucoup de ces phénomènes sont encore manifestes aujourd'hui dans les cultures païennes. Avec la migration actuelle rapide des populations du tiers-monde vers l'Amérique du Nord et l'Europe, je pense que n'importe quel groupe chrétien, qui s'engage sérieusement dans l’évangélisation et l’aide aux émigrants, rencontrera sous peu une activité étrange semblable. C’est seulement quand vous gagnerez leur confiance qu’ils commenceront à en parler. Qu’est ce que cela vous fait ? êtes-vous motivé par ce nouveau défi ? êtes-vous effrayé d’aller à la rencontre de l'inconnu ? êtes-vous furieux de devoir remettre en question votre "confortable" cadre théologique? êtes-vous nerveux face au danger personnel possible ?

Comment notre Seigneur Jésus s'est-il senti ? Il ne s'est pas concentré sur lui-même. Il ne s'est pas concentré sur les esprits immondes. Il a « usé de miséricorde » envers l'homme démoniaque (5. 19). Le ministère de Christ pour libérer ceux qui étaient asservis par les démons n'est pas passé inaperçu. Certains l'ont appelée une « doctrine nouvelle » ou « enseignement nouveau » (1. 25-27). D'autres qui ne pouvaient pas en nier les effets positifs mais qui ne voulaient pas avoir à faire à toutes ces affaires confuses ont affirmé que Christ lui-même avait un esprit immonde (3. 22,30). Cependant, ceux qui avaient vécu l’agonie d’un tel asservissement se sont rassemblés autour de Jésus (1. 32-34). Avec mon expérience limitée dans ce domaine, je pense que la miséricorde doit être la force motrice pour s’investir dans ces problèmes (et non pas la curiosité, ni l’amour de la polémique). En fait, sans un sentiment profond de miséricorde pour une personne qui souffre de manière évidente d’un tel asservissement, très peu de gens tenteront de s’investir ou d’aider. Le processus, qui consiste à aider ceux qui souffrent d’un tel assujettissement de l’esprit à trouver la pleine liberté en Christ, n'est pas toujours aisé.

3. La réaction de Jésus face aux technocrates religieux

Nous trouvons une large représentation de la vie religieuse juive dans cet évangile. L’évangile de Marc mentionne des sacrificateurs et des principaux sacrificateurs, des Pharisiens et des scribes, des Sadducéens, des anciens et des Hérodiens.

Chacun avec son point de vue théologique différent, mais bel et bien unis dans leur opposition à Jésus. Au début de l'évangile l'opposition est principalement théologique, examinant et jugeant Jésus sur des questions telles que : qui peut pardonner les péchés (2. 7), pourquoi Jésus a-t-il mangé avec les pécheurs (2. 16), pourquoi ses disciples ne jeûnaient-ils pas (2. 18), et qu’est-il permis et qu’est-il interdit de faire pendant le Sabbat (2. 24). Un jour de Sabbat, Jésus s’est trouvé devant un homme malade. Jésus aurait-il attendu un jour de plus avant de le guérir pour éviter une confrontation inutile avec les juifs inflexibles ? Jésus ne nie pas que la loi du Sabbat ait été donnée par Dieu, mais il s'est référé à la raison de cette loi : « Le sabbat a été fait pour l’homme, non pas l’homme pour le sabbat » (2. 27). Est-il permis de faire du bien le jour de sabbat ? de sauver la vie ? Les Juifs ont gardé le silence. Qu’a pensé Jésus de l'attitude de ces technocrates religieux qui se croyaient justes ? Jésus « les ayant regardés à l’entour avec colère, [était] attristé3 de l’endurcissement de leur cœur » (3. 5). Ce sont des sentiments très forts. Puis, c’est devant leurs yeux désapprobateurs qu’il a procédé à la guérison de cet homme.

Les Pharisiens se sont sentis menacés par le comportement provocant du Seigneur. Ils se sont unis aux Hérodiens (l'aile politique des Juifs religieux) et « tinrent conseil contre lui pour le faire périr » (3. 6). L'élimination des non-conformistes est une réponse courante des technocrates religieux contrariés.

L'opposition s’est accrue. Ils ont commencé à discréditer la personne du Seigneur : ils l'ont accusé d’être possédé par Belzébul (3. 22). Ces technocrates religieux ont suivi Jésus partout avec dans une main la loi donnée par Dieu et dans l’autre leurs bonnes traditions (« nous l'avons toujours fait de cette façon ») et analysant tout ce que Jésus faisait, disait ou permettait. Un jour, quelques-uns uns des disciples de Jésus ont commencé à manger sans se laver les mains. Naturellement c'est une bonne idée de se laver les mains, mais pour les technocrates c'était devenu une loi. L’évangile de Marc consacre 23 versets (7. 1-23) pour expliquer la pensée de Jésus : tout ce qui vient du dehors ne pourra jamais souiller le croyant. Ce sont les mauvaises choses du dedans d'une personne (dans le cœur des hommes) qui la souille. La réalité intérieure est toujours plus importante que l'apparence extérieure. Les scribes ont alors essayé d'employer la prophétie pour critiquer Jésus : « il faut qu’Élie vienne premièrement ». Puisque Élie n'est pas encore venu, Jésus ne peut pas être le Christ (9. 11, 12). Vient ensuite l'argument institutionnel : À Jérusalem ils lui ont demandé « Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné cette autorité pour faire ces choses ? » (11. 27,28). Les principaux sacrificateurs étaient les descendants d'Aaron, une lignée d’autorité ordonnée par Dieu. Mais qui est ce Jésus ? Un fervent indépendant ? Un gourou indépendant ?

Recherchant des preuves pour juger et accuser Jésus, ils l'ont interrogé sur le divorce (10. 2) et lui ont demandé s’il était permis de payer l’impôt à César qui était païen (12. 14). Je suis sûr que les questions n’ont pas dérangé le Seigneur. C'était leur attitude hypocrite à juger qui l'a contrarié. Ils avaient décidé que Jésus n'était pas le Christ, et aucun témoignage contraire ne les aurait fait changer d’avis. Au lieu d'être reconnaissants et de se réjouir quand Jésus a rassasié les 4000, « les pharisiens sortirent et se mirent à disputer avec lui, demandant de lui un signe du ciel, pour l’éprouver ». « Et, soupirant profondément en son esprit » Jésus refusa de leur donner un signe. « Et les laissant, il remonta de nouveau dans la nacelle et s’en alla à l’autre rive » (8. 11-13). Jésus a tenu tête aux Pharisiens puis il a pris ses distances. C’est peut-être un exemple instructif sur la façon dont ceux qui suivent le Seigneur devraient se comporter avec les technocrates religieux obstinés.

Un état d’esprit légaliste est contagieux. Les technocrates religieux se congratulent l’un l’autre et remercient le Seigneur de ce qu'ils ne sont pas aussi laxistes que les autres. C'est un club d’individus satisfaits d’eux-mêmes qui se sentent obligés d’aller et venir, comme les Pharisiens, « pour éprouver » les autres. A bord du bateau, Jésus a mis en garde ses disciples contre cette moisissure parasite et unicellulaire à fort développement : « gardez-vous du levain des pharisiens » (8. 15). Nous devrions également prendre cet avertissement au sérieux.

4. La réaction de Jésus face à un homme recherchant sincèrement le salut

Alors que Jésus quittait la région de la Judée, un jeune homme accourut jusqu'à lui. Ce jeune homme, comme les Pharisiens et les scribes, avait également quelques questions à poser à Jésus. Mais son cœur était différent. Il a demandé à apprendre et non pas à éprouver, juger ou rivaliser. Tout comme les Pharisiens, il s’était conformé à la loi depuis sa jeunesse. Il émanait de lui une volonté d’obéir dirigée par un cœur sincère. Notre Seigneur Jésus avait repéré cette différence importante. Le Seigneur avait ressenti de la colère et une profonde tristesse envers les Pharisiens, mais quant à ce jeune homme : « Jésus, l’ayant regardé, l’aima ». Doucement le Seigneur l'a informé de l'état déficient de son cœur : il y avait en lui de la sincérité mais pas de besoin. Sa recherche était dépourvue du sentiment aigu de ses besoins. Son obéissance aux formes extérieures de conduite ordonnées par Dieu avait endormi sa soif des réalités.

Une grande partie de la sécurité de ce jeune homme et de son amour-propre reposait sur ses économies, sa ferme, ses valeurs mobilières et son plan de retraite. « Vends tout ce que tu as et donne aux pauvres », le Seigneur lui a expliqué « et viens, suis-moi » (10. 17-22). Le message est clair : garder des règles et suivre des traditions conjugués à un certain degré de renoncement peuvent faire qu’une personne soit satisfaite d’elle-même, mais le Seigneur cherche quelque chose de plus profond. La passion qui anime notre cœur, c’est ce qui importe vraiment, et une passion orientée vers Dieu sera disposée à tout donner.

Deux chapitres plus loin, Jésus fait une heureuse rencontre avec un scribe qui réfléchit. Le scribe avait demandé à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Dans le dialogue qui a suivi, il est devenu évident que ce scribe particulier était différent de la plupart de ses amis religieux. Derrière les formes extérieures de spiritualité de la loi, il reconnaissait la suprématie d’une réalité spirituelle. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur … et d’aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et les sacrifices ». Je suis sûr que le Seigneur l’a regardé et l’a, lui aussi, aimé quand il lui a dit amicalement : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu » (12. 28-34).

Malheureusement, comme la plupart des Pharisiens, nous sommes enclins à défendre et exalter les apparences extérieures et les procédures. Les structures et les traditions nous rassurent. Elles assurent une certaine continuité et, certains pourraient le croire, donnent une preuve visible de spiritualité. Jésus avait mis en garde ses disciples au sujet de cette importance stricte accordée aux apparences « Gardez-vous des scribes, qui se plaisent à se promener en longues robes (soucieux du code vestimentaire), et [qui aiment] les salutations dans les places publiques (soucieux du protocole, de leur statut, de la manière d’agir et de parler), et les premiers sièges dans les synagogues (soucieux de leur autorité et de la place où ils sont assis – sur des chaises ou des bancs, en cercles ou en carrés, les hommes ici et les femmes là) et les premières places dans les repas (soucieux de leur nom de famille, leur position et leur influence) ; qui dévorent les maisons des veuves (en effrayant et en imposant leurs manières d’agir aux foyers faibles), et pour prétexte font de longues prières (en utilisant des termes bibliques et revendiquant agir pour Dieu » (12. 38,39). Le nouveau testament nous recommande en effet quelques exemples et principes de conduite à suivre en accord avec la nouvelle vie en Christ. Mais mon cher ami croyant, ne soyons jamais satisfait d’une apparence extérieure, aussi conforme à la Bible soit-elle. Notre passion continuelle devrait être celle de l'apôtre Paul : « Car mon but est de le connaître – que je le connaisse d’une manière de plus en plus profonde et personnelle, saisissant toujours plus fortement et reconnaissant toujours plus clairement les grandeurs de sa Personne » Philippiens 3. 10 (traduction amplifiée). Encore aujourd’hui Jésus aime ceux qui le recherchent d’un cœur sincère.

5. La réaction de Jésus face à une génération incrédule

Je me demande ce que Jésus a dû ressentir à propos de cette visite nostalgique à Nazareth, sa ville natale. Beaucoup de souvenirs et d’émotions ont dû lui revenir quand il est passé à côté du puits du village, de la place du marché, de visages bien connus... Le jour du Sabbat il est entré dans la synagogue qu’il connaissait si bien et il a commencé à enseigner. Pour l’avoir connu depuis qu'il était un jeune garçon, les gens du pays ont été étonnés par les paroles de Jésus, sa sagesse et le fait qu'il pouvait même faire des miracles. Il leur était difficile de faire le lien entre l'humain et le divin. Ils ont absolument voulu remettre Jésus dans leur contexte familier : « Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques ... et ses sœurs ne sont-elles pas ici auprès de nous ? » Il y a quelque chose de semblable actuellement dans notre culture séculaire et moderne : nous avons du mal à faire le lien entre le monde matériel et le monde spirituel. Même nous les chrétiens, particulièrement chez les occidentaux instruits, nous avons en ceci un réel problème. Nous croyons qu’il existe véritablement un monde matériel et un monde spirituel, mais nous désirons les maintenir constamment distincts. La sphère où le matériel et le spirituel se rencontrent, est pour nous problématique, celle où le visible et l’invisible agissent ensemble.

Nous sommes heureux de passer des heures à étudier la bible, à organiser des réunions, à établir des tableaux prophétiques, à chanter et à donner des enseignements sur les relations du passé entre Dieu et les hommes. Mais réaliser l’existence d’un dialogue de Dieu avec nous aujourd'hui est une chose plus difficile.

Ceux de Nazareth ne pouvaient pas envisager dans leurs esprits la possibilité que leur charpentier soit vraiment le Messie Divin. Qu’est-ce que le Seigneur Jésus a pensé de cela ? Dans d'autres villes, les gens amenaient leurs malades pour qu'il les guérisse. Mais très peu l’ont fait à Nazareth. Nous lisons que Jésus « s’étonnait de leur incrédulité » (6. 1-6). Il s'attendait à quelque chose de différent de la part de ceux qui attendaient un Messie. Jésus s'attendait à quelque chose de différent de ceux qui se glorifiaient d’adorer le seul vrai Dieu, le Dieu des miracles et des merveilles. Votre foi envisage-t-elle vraiment que Dieu puisse faire quelque chose dans votre monde matériel aujourd'hui ?

En comparant les rassemblements chrétiens en Europe et Amérique latine, je note qu'ici, les réunions de prières du milieu de semaine sont plus suivies que les réunions d'étude de la Bible. En Europe c'est fréquemment l'opposé. Certaines cultures ont un sens plus profond du besoin et un désir plus fort que Dieu agisse sur leur réalité. La plupart des prières d’intercessions sont très clairement exprimées : « Seigneur, j’ai besoin d’un travail ». « S’il te plait Seigneur, guéris ma femme ». « Hier j'ai partagé ma foi avec un ami au travail, Seigneur convertis-le ». C’est une espérance vivante et pressante que Dieu fera réellement quelque chose. De telles prières sont d’un enthousiasme contagieux. Luc nous dit que Jésus a admiré4 la « si grande foi » du centurion (7. 9). Qu’est-ce que Jésus pense de notre foi ?

6. La réaction de Jésus face à un comportement exclusif

Nous avons probablement tous une idée de ce que devrait être le christianisme, ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Certains de nos points de vue et de nos attentes sont fermement basés sur La Parole, d’autres ne sont basés que faiblement sur La Parole, et d’autres sont simplement le reflet de notre environnement social, ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas du fait de notre expérience personnelle ou collective. Dans la pratique, il est parfois difficile de séparer ces trois points de vue. La plupart des traditions religieuses ont des origines louables, mais le grand danger est de leur donner autant d’importance qu’à La Parole. Comme nous l’avons vu, les Pharisiens avaient un état d’esprit extrêmement exclusif. Mais nous, les humains, sommes enclins à être comme ça. Cela nous rassure et nous donne la sensation d’être dans le droit chemin alors que les autres sont « en dehors ». Ce comportement exclusif apparaît très tôt dans la vie : avez-vous remarqué ce comportement méchant et exclusif chez certains enfants à l'école ?

Les disciples aussi avaient leur petite idée sur « qui pouvait faire quoi » et sur qui pouvait s’approcher de Jésus. Jean était venu à Jésus avec enthousiasme et lui avait raconté comment il avait repéré et empêché une personne qui ne faisait pas partie des douze disciples de chasser les démons au nom de Jésus. On a l'impression que Jean s'était attendu à ce que Jésus le félicite et lui dise « Bien, bon [serviteur], … tu as été fidèle ». Pourquoi Jean avait-il empêché cet homme de continuer ? « parce qu’il ne nous suit pas ». Jésus n'a pas été d'accord avec le comportement autoritaire et exclusif de Jean et il l’a repris promptement : « Ne le lui défendez pas car celui qui n’est pas contre nous est pour nous » (9. 38,39).

Au chapitre suivant nous trouvons les disciples arrêtant un autre groupe de personnes, ceux qui apportaient leurs enfants à Jésus. Pour les disciples, les enfants bruyants et joyeux accompagnés de leurs mamans enthousiastes les dérangeaient vraiment. Les disciples appréciaient les enseignements profonds de Jésus qui stimulaient leur intellect. Qui aurait pu se joindre à eux ? Les personnes sérieuses et spirituelles bien sûr, celles qui craignaient Dieu, qui aimaient La Parole et ses enseignements. Et manifestement pas ces enfants immatures. Ils ne pouvaient pas comprendre la théologie. Ils n’étaient même pas intéressés par leurs débats doctrinaux. Tout ce qu’ils voulaient c’était que Jésus les touche et les bénisse. Les disciples reprenaient ceux qui s’approchaient. Qu’a pensé Jésus de ce désolant spectacle ? A-t-il été frustré par cette interruption de son discours sur le divorce ou contrarié parce qu’il avait perdu le fil de sa pensée ? Non. « Jésus, voyant [cela], en fut indigné ». Non pas à cause de ceux qui voulaient qu'il les touche et qu’il les bénisse, mais contre ses disciples qui voulaient les en empêcher. Je pense que beaucoup de ces personnes qui écoutaient ont dû oublier ce que Jésus a enseigné sur le divorce, mais je suis sûr que les familles n'ont jamais oublié ces moments précieux : « les ayant pris entre ses bras, il posa les mains sur eux et les bénit » (10. 13-16). Rencontrer Jésus, être avec Jésus, c'est l'essence du christianisme.

7. La réaction de Jésus face au prix de notre rédemption

L'auteur de l’épître aux Hébreux nous encourage « à fixer les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix » (Hébreux 12. 2). Jésus pouvait anticiper avec joie le fruit de ses souffrances. On peut s’étonner que cette joie divine soit suscitée dans les cœurs de personnes rachetées, bizarres, problématiques et inconséquentes comme vous et moi. Mais qu'est-ce que Jésus a ressenti face à la douleur et à la réalité de la croix ? « Et ils viennent en un lieu dont le nom était Gethsemané. Et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que j’aie prié. Et il prend avec lui Pierre et Jacques et Jean, et il commença à être saisi d’effroi et fort angoissé. Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort »(14. 32-34). Pierre pourra t-il jamais oublier cette scène ? Il n'avait jamais vu le Seigneur comme ça avant. Combien de fois a t-il dû raconter cette histoire à Jean Marc quand ils voyageaient ensemble !

Peut-être que ceux d’entre nous qui ont été élevés dans des maisons chrétiennes, et qui ont entendu l’histoire de la passion du Christ à maintes reprises, sont devenus insensibles au degré de douleur dont il est question ici. Nous pouvons être tentés de penser que puisque Jésus est Dieu, et que Dieu peut tout faire sans beaucoup d'effort, le salut a été une chose facilement acquise. Mon ami croyant, n’avez-vous jamais été blessé ? N’avez-vous jamais été rejeté ? Avez-vous été affligé, profondément affligé ? Tout cela, et beaucoup plus encore, a été enduré par Christ pendant qu’il nous rachetait. Imaginez juste pendant un moment Jésus Christ « saisi de tristesse jusqu’à la mort ». Et c'était juste le commencement. Pour vous et pour moi il a été plus loin. Voici à quel point il nous estime ! Peut-être que cet aperçu du cœur de notre Sauveur béni nous aidera à l'aimer davantage et à estimer davantage un si grand salut. « N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s’il est une douleur comme ma douleur qui m’est survenue ? » Lamentations 1. 12.

Conclusion

Le Seigneur n'a pas oublié le temps qu’il a passé sur la terre. « Car, en ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Hébreux 2. 18). Nous avons un Seigneur qui comprend ce que nous ressentons, qui connaît la douleur de vivre les conséquences du péché des autres, et les frustrations de vivre dans un monde déchu. Pourtant il y a plus que ça. Au fur et à mesure que nous suivrons Christ dans notre manière de penser (la pensée de Christ), nous commencerons également à éprouver les sentiments qu’il a exprimés : sa compassion envers les nécessiteux, sa miséricorde envers ceux qui souffrent de l'oppression des démons, son amour envers ceux qui le recherchent sincèrement, son indignation vis-à-vis des comportements exclusifs et peut-être même sa colère contre nos propres attitudes et nos pratiques de Pharisiens. Si nous pouvions toujours plus penser et ressentir les choses comme Christ, nous nous comporterions davantage comme Lui. C'était le but du ministère de l'apôtre Paul : « Mes enfants, pour l’enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu’à ce que Christ ait été formé en vous. » Galates 4. 19.

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Notes :

  1. Dans la traduction, à de rares exceptions près, nous avons remplacé « Christ » par « le Seigneur » qui est plus couramment employé en français.

  2. La plupart des versions anglaises traduisent par "soupira profondément"

  3. Le sens de l'original est "affligé" ce qui en anglais est rendu par "profondément attristé"

  4. En Anglais, les verbes "s'étonner"de Marc 6.6 et "admirer" de Luc 7.9 sont rendus par le même "be amazed"

 

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