Introduction
Pour
nous faire pénétrer quelque peu dans les mystères, le secret des pensées
profondes et abstraites de Dieu à l’endroit de son Fils, quant à sa
gloire, la beauté de sa personne, son humanité et ses souffrances, la
Parole de Dieu a recours à des images simples et ordinaires, tirées de
la vie courante, comme les paraboles, tirées de la nature inerte que
nous proposent les quatre éléments (terre, eau, air, feu) dont font
partie les pierres précieuses que nous étudierons plus tard, ou tirées
de la nature vivante (faune et flore) dont font partie les plantes
odoriférantes que nous allons étudier.
Nous
utiliserons plutôt les termes de plantes odoriférantes, aromates,
substances odorantes, car le terme « drogue » d’Exode 30 :34, qui en
fait ne désigne qu’un ingrédient, peut prêter à confusion de par sa
connotation actuelle.
Les
végétaux cités dans la Parole sont au nombre de 120 environ, depuis
l’humble hysope jusqu’au robuste chêne et au cèdre majestueux.
Parmi eux, l’Esprit Éternel a retenu une douzaine de plantes ou essences
odorantes dont la considération des caractères nous enseigne et nous
fait entrer dans des réalités spirituelles fondamentales et profondes.
Ces plantes sont parfois appelées « plantes du sanctuaire » car elles
entrent dans la composition de l’ « huile de l’onction » et de l’
« encens composé », substances évoquant la consécration du sacrificateur
et des objets d sanctuaire, ainsi que les relations entre Dieu et son
Fils, entre Christ et ses rachetés, entre l’Époux et l’épouse ; elles
sont essentiellement citées dans Exode 30 : 23-24, 30 : 34-35 et dans
Cantique des Cantiques 4 : 13-15.
Principes généraux et renseignements liés au parfum et aux drogues
Le
parfum est défini comme une odeur agréable. Au sens étymologique du mot,
le préfixe « par » évoque l’excellence de la racine du mot qu’il précède
et complète « fum », racine du mot qui, elle, évoque la fumée que
produit une substance placée sur un feu. Parfum signifie donc fumée
excellente.
Quelques citations dans la Bible évoquant le parfum nous en montrent son
importance :
« Tes parfums sont d’agréable odeur » Cantique 1 : 3
« Ton nom est un parfum répandu » Cantique 1 : 3
« Il s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à
Dieu, en parfum de bonne odeur » Éphésiens 5 : 2
« Un parfum de nard pur de grand prix » Jean 12 : 3-4
« La fumée des parfums monta avec les prières des saints (…) devant
Dieu » Apocalypse 8 : 4.
Certaines plantes dégagent leur odeur spontanément, naturellement, mais
la plupart nécessitent la chaleur du feu qui exhale et renforce leur
parfum, par exemple la drogue placée dans l’encensoir posé sur le feu de
l’autel du parfum. Le feu évoque le jugement de’ Dieu descendu sur
Christ, et les souffrances que Christ a endurées et qui montent vers
Dieu comme un parfum.
Les
parties odoriférantes d’une plante peuvent être la fleur, la feuille,
mais aussi la tige, l’écorce, la racine. Il faut noter, à ce propos, que
certaines substances odorantes peuvent être d’origine animale comme « la
coquille odorante ».
-
Elles
peuvent être utilisées dans leur état naturel, mais le plus souvent
-
Elles
sont séchées, broyées, pilées (à la meule : immolées, ou au pilon)
et se présentent sous forme de poudres plus ou moins fines.
-
Parfois,
elles sont mises en suspension ou en solution dans un excipient
comme de l’huile (huile de l’onction) ou dans une graisse animale
(onguent) ou en décoction dans l’eau (henné) et également par
distillation.
-
L’exhalation
de l’odeur est d’autant plus vive et persistante que le produit est
fragmenté, pulvérisé. Elle est également renforcée si le produit est
répandu sur une surface (pierre, corps, chevelure) et bien sûr s’il
est chauffé au dessus d’un foyer.
-
Le
parfum peut être pur, c’est-à-dire qu’il provient d’une seule
origine, comme l’encens pur par exemple.
-
Le
parfum peut être composé lorsqu’il provient de plusieurs substances.
Leur composition est « l’ouvrage du parfumeur » d’Exode 30 :
25. le parfumeur est une image du Saint Esprit qui est donné au
racheté pour comprendre tous les attributs et les perfections de
Christ.
Étude des douze
plantes aromatiques
Ces
plantes et leur substance odoriférante entrent en particulier dans la
composition de l’huile de l’onction en Exode 30 : 23-24, qui évoque les
souffrances du Seigneur comme Fils du Père, et de l’encens composé
d’Exode 30 : 34-35 qui nous parle de l’adoration qui monte de la terre
vers le ciel. Elles sont également nommées en partie parmi les plantes
du jardin clos de la Bien-aimée, Cantique 4 : 13-15, qui évoquent le
prix que l’Époux a pour l’Épouse, Église de Christ.
Pour
chaque plante, nous étudierons sa nature, son origine, son parfum et sa
symbolique.
1 La myrrhe
C’est
la première drogue citée : Exode 30 : 22-23 – Psaume 45 : 8 – Cantique
des Cantiques 1 : 13 ; 4 : 6 – Matthieu 2 : 11 – Jean 19 : 9.
Elle
provient d’un arbrisseau qu’on trouve en Afrique orientale, en Abyssinie
en particulier. On la recueille de deux façons :
-
soit
la sève s’écoule librement et naturellement du tronc, on
l’appelle la myrrhe franche ou libre,
-
soit
la sève est recueillie à partir d’incisions faites sur
l’écorce ; on l’appelle la myrrhe en larmes, qui coule
des blessures faites sur l’arbre et nous parle
particulièrement des souffrances endurées par le
Seigneur.
2
Le
cinnamome
Exode
30 : 22.
C’est une lauracée originaire de Ceylan et d’Éthiopie, voisine
du cannelier (cannelle) et du camphrier. C’est un grand et bel arbre aux
feuilles persistantes, donc toujours vert et vigoureux. Il répercute une
odeur agréable. Ce parfum est utilisé sous la forme d’une huile obtenue
par distillation de l’écorce. Ce parfum évoque surtout la beauté du
Seigneur, sa force et sa puissance.
3 Le
roseau aromatique
Cantique
des cantiques 4 : 14 – Ésaïe 43 : 24 – Jérémie 6 : 20 – Ézéchiel 27 :
10.
Il est également appelé « doux roseau » en Jérémie 6 : 20. Très
largement répandu au Moyen Orient, on le trouve sur les rives du Nil et
de la Mer rouge (ces roseaux retenaient le coffret de jonc de l’enfant
Moïse). C’est un végétal fin, mais souple et robuste à la fois. Sa
racine se distingue par son odeur agréable. Il évoque la douceur et la
débonnaireté de Jésus et en même temps sa fermeté dans la vérité.
4 La casse
aromatique
Exode
30 : 24.
C’est le produit d’un grand arbre,
aurus cassia, de 8
mètres de haut environ et qui frappe par sa beauté (une des filles de
Job réputées pour leur beauté se nommait Cassia). On le trouve au
Cachemire et au Malabar. C’est une essence jaune obtenue par la
distillation de l’écorce débitée en lamelles et séchée, qui dégage un
parfum suave. Elle évoque donc par la beauté de l’arbre la beauté et la
majesté de Christ.
5 Le
stacte
Exode 30 : 34.
C’est un terme générique pour désigner une goutte ou stacte recueillie au centre d’une résine ou d’une gomme desséchée (en
particulier résine de myrrhe, de cinnamome, et aussi de styrax, plante
ressemblant à l’oranger). Cette goutte liquide sèche à l’air et se
réduit en poudre. Son odeur est piquante et vanillée. La symbolique de
cette substance réside surtout dans ce phénomène particulier de la
goutte enfermée dans le cœur d’une résine. Elle évoque la partie cachée
des souffrances de Christ, que seul Dieu le Père peut connaître (comme
le four dans l’offrande de gâteau). Nul homme n’est capable d’apprécier
le parfum qui montait sans cesse devant dieu lorsque « des maux sans
nombre » se sont abattus sur le Saint de Dieu quand nos iniquités l’ont
atteint.
6. La coquille
odorante
Exode 30 : 34.
Elle n’est pas d’origine végétale. C’est le seul parfum
d’origine animale extrait de l’opercule d’un coquillage voisin du murex
dont on extrait la pourpre. Il se trouve et se développe au fond des
mers chaudes (Mer rouge). Les eaux profondes sont toujours l’image du
jugement de Dieu sur son Fils :
-
« Je suis entré dans les
profondeurs de la mer » Psaume 69 : 2
-
« Toutes tes vagues et tes
flots ont passé sur moi » Psaume 42 : 7
-
« Il me tira des grandes eaux »
Psaume 18 : 16.
7. Le galbanum
Exode 30 : 34.
Il provient d’un ombellifère de type ferula (galbi
influa) qu’on trouve en Perse. C’est une résine laiteuse issue de
l’incision des grosses tiges herbacées. Son odeur est forte, alliacée,
âcre, presque fétide (utilisée comme base dans beaucoup de parfums). Il
évoque l’odeur de la mort qui a été la part de Christ.
« Odeur de mort pour la mort » 2 Corinthiens 2 : 16
8. L’encens pur
Exode
30 : 35 – Ésaïe 60 : 6 – Cantique des Cantiques 4 : 6.
Il s’agit ici de
l’encens pur à ne pas confondre avec le terme encens qui souvent dans la
Bible désigne l’encens composé de quatre substances d’Exode 30 : 34.
L’encens pur provient d’un arbre, le Boswellia Floribonda, que l’on
trouve aux Indes et en Arabie. C’est une résine blanche qui s’écoule
naturellement (encens liquide ou franc) ou après incision de l’écorce
(encens en larme). Cette résine liquide coagule spontanément à l’air
libre et donne un solide brun, inodore, incombustible. Il s’utilise pilé
très fin et n’exhale son parfum qu’en étant placé au dessus d’un feu, à
l’aide d’un récipient : l’encensoir. Sa fumée est d’un blanc pur,
immaculé, et ne fait pas de volute, elle monte droit vers le ciel. C’est
une image de l’adoration du fidèle :
« Que ma prière monte vers toi comme l’encens … » Psaume 141 : 2
9. Le nard
Cantique
des Cantiques 1 : 12 ; 4 : 13 – Marc 14 : 3 – Jean 12 : 3.
Il est issu
d’une petite plante, le Nordostrachys Jatamansi, qui ressemble à la
scorsonère, de la famille des valérianacées, proche du romarin et de la
lavande. Cette plante pousse sur les contreforts de l’Himalaya au Népal,
entre 3200 et 5000 m d’altitude. C’est une huile aromatique fabriquée à
partir des rhizomes, de la feuille et des épis de la plante qui était
considérée par les anciens comme le parfum le plus fin, le plus précieux
et le plus onéreux : en effet, sa provenance lointaine et difficile
d’accès en explique le grand prix. C’est un parfum très pénétrant et qui
a un pouvoir de diffusion très important, aussi pour le transporter, on
l’enfermait dans de petits flacons d’albâtre au col effilé, obturé par
de l’argile. Par ces deux caractères de parfum pénétrant et d’un grand
prix, il évoque l’adoration qui remplit la maison et qui s’élève vers
Dieu.
10. Le safran
Cantique
des Cantiques 4 : 14.
Le safran n’est cité qu’une fois dans la Bible. Il
provient du crocus sativus de la famille des iridacées. On le trouve en
Inde et en Italie du sud. C’est une poudre obtenue à partir des
stigmates de la fleur (exemple : le safran du commerce), qui a un fort
pouvoir colorant et est utilisée sous forme d’huile ou d’onguent. C’est
une poudre assez chère, de couleur dorée et son symbole spirituel ne se
trouve pas dans son odeur, mais dans sa couleur dorée qui évoque la
gloire de Dieu.
11.
L’aloès
Nombres 24 : 6 – Psaume 45 : 8 – Proverbes 7 : 17 – Cantique des
Cantiques 4 : 14 – Jean 19 : 39.
Il est tiré d’une plante de la famille
des liliacées. Il en existe de nombreuses espèces comme l’arbre des
Indes, le bois d’aloès. Les fleurs exhalent un parfum délicieux, alors
que la sève très amère est employée pour prévenir l’onychophagie. Cette
odeur très prisée des anciens (comme de l’or) est obtenue en réduisant
en poudre ou en petits fragments les grandes feuilles. L’aloès était
fréquemment utilisé pour l’embaumement des défunts : il évoque la mort
du Seigneur. Ce parfum de la mort de Jésus le suit jusque dans la
gloire. Psaume 45 : 8.
12.
Le henné
Cantique
des Cantiques 1 : 14 – 4 : 13.
Le henné, mentionné seulement deux fois
dans la Bible, est issu d’un arbuste de 3 à 4 mètres dont les feuilles
lancéolées, lisses et courtes, ressemblent à celles de l’olivier. Il
surabonde à Chypre et a même donné son nom à l’île (shenné = kofer), en
Inde et en Perse. Ses fleurs sont blanches et odorantes. Le henné est
obtenu par une décoction dans l’eau des feuilles et des fleurs séchées,
qui donnent une teinture rouge. L’image symbolique n’est pas, non plus,
tirée du parfum mais de la couleur pourpre qui évoque le Roi de Gloire
et parle de l’excellence et de la souveraineté de sa personne.
Conclusion
Aux
yeux de Dieu, la valeur du sacrifice qui lui est offert se mesure :
d’abord par l’estimation du prix de la victime eu égard à la situation
du sacrificateur, mais surtout par l’odeur agréable exhalée du corps de
la victime tombé au feu de l’autel.
L’expression « odeur agréable » est citée dans les cinq livres du
Pentateuque une quarantaine de fois. Par là, l’Esprit nous enseigne
l’importance que Dieu attache à l’adoration. De nos jours, il attend de
nous une adoration continuelle et ininterrompue : c’est l’honneur et le
respect que nous lui devons pour l’amour dont Il nous aime. Il est à
noter pour nous, avec bonheur, que lorsque nous faisons monter vers Lui
nos témoignages d’adoration, nous sommes la bonne odeur de Christ pour
Dieu comme Paul l’écrivait aux saints de l’assemblée à Corinthe dans sa
deuxième lettre, chapitre 2 v. 14 : « car nous sommes la bonne odeur
de Christ pour Dieu, à l’égard de ceux qui sont sauvés et à l’égard de
ceux qui périssent ; aux uns, une odeur de mort pour la mort, et aux
autres, une odeur de vie pour la vie ».