Les Eaux Profondes
Philip Nunn
UMC Hospital
Utrecht, NL
Mai 2010
Source: www.philipnunn.com
Cela peut
vous arriver. Et quand c'est le cas, souvenez-vous que la vie et la
santé sont des dons de grâce. C'est la même sagesse, le même amour et la
même bonté qui nous les donnent et qui peuvent aussi nous les refuser et
nous les reprendre.
Au moment où
j'écris ces lignes, notre fils Edward, 15 ans, est alité dans le Service
de soins intensifs de l'hôpital UMC en Hollande. Mardi il y a quinze
jours, il a subi une chirurgie du cœur. Le chirurgien nous a expliqué ce
qu'il allait réaliser : (1) faire passer deux tunnels à travers le cœur
pour que le sang entrant dans la cavité gauche atteigne la droite et
vice-versa, (2) insérer une valve d'un donneur pour le sang qui va du
cœur aux poumons, (3) envoyer le sang qui vient de la tête et des bras
directement dans les poumons, ce qui permettrait à environ la moitié de
son sang de couler passivement dans les poumons et (4) fermer le shunt
actuel. Trois chirurgiens se sont occupés de lui pendant plus de 10
heures, il a été sous cœur artificiel pendant la moitié de ce temps et
pour travailler dans son cœur, il a été arrêté pendant 2 heures. Nous
l'avons vu dès qu'il est arrivé au Service de soins intensifs. Les
chirurgiens étaient satisfaits et optimistes.
Quand votre univers commence à trembler
Le lendemain,
l'état d'Edward ne s'est pas stabilisé comme prévu. Le jeudi, les
docteurs ont conclu que quelque chose n'allait pas. Ils ont soupçonné
qu'un des nouveaux tunnels dans son cœur s'était partiellement effondré.
Cette après-midi là, ils ont à nouveau ouvert son cœur et ont fait les
ajustements nécessaires. Vendredi fut un jour de crise. Son cœur
s'adapterait-il aux changements ? Il était bien pâle, il avait froid, il
tremblait à chaque battement de son cœur. Pendant l'après-midi, les
médecins l'ont connecté à un rein artificiel pour réduire l’œdème.
C'était angoissant de le voir lutter alors qu'il était connecté à tous
ces tubes, câbles et moniteurs. « Seigneur, ai-je pleuré en moi-même,
cela doit-il vraiment être ainsi ? » L'âme est traversée d'une douleur
aiguë lorsque l'on sent que l'on perd un enfant. Avec Anneke, ma femme,
nous avons marché tous les deux en silence dans un parc proche et
désert. Je ne pouvais même plus prier, ni trouver aucun mot pour
exprimer cette douleur oppressante en moi. Un flot incohérent de pensées
ajoutait à ma confusion. Les larmes ont commencé à couler alors que je
luttais avec les « si » et les « pourquoi », essayant de réconcilier la
notion d'un Père céleste aimant avec la douleur dont nous étions témoins
et que nous ressentions. Je ne suis pas quelqu'un qui pleure facilement,
mais une fois que mes larmes commencent à couler, j'ai du mal à les
arrêter.
Aurait-on pu éviter tout cela ?
Trois ou
quatre semaines avant l'opération d'Edward, nous avons rencontré un
charmant couple chrétien lors d’une soirée de parents à l'école de notre
plus jeune fille. Nous avons échangé des histoires au sujet de nos
enfants, comme il est courant de faire dans de telles circonstances. Ils
ont été étonnés d’apprendre que notre fils avait un problème cardiaque.
« Vous êtes chrétiens ? » nous ont-ils demandé. « Vous n'avez pas prié
pour votre fils ? » Alors le mari a exposé ce qu'il croyait : « cela ne
peut pas être la volonté du Seigneur que les enfants de parents
chrétiens soient en mauvaise santé. » D'une manière très attentionnée,
il a proposé de venir chez nous pour prier pour notre fils Edward. « Je
vous conseille, a-t-il ajouté, de téléphoner à l'hôpital pour annuler le
rendez-vous pour cette opération. » Nous avons échangé nos adresses mail
et sommes rentrés à la maison un peu plus tard, très pensifs. Ces
personnes étaient des chrétiens authentiques et pleins d'amour.
Manquions-nous de foi ? Devions-nous « exposer nos requêtes à Dieu »
(Philippiens. 4:6-7) d'une façon différente ? Devions-nous supplier Dieu
et réclamer ou exiger la guérison ? Nos prières devraient-elles être
plus agressives ?
Je
suis attiré par le postulat que Dieu désire que tous les enfants de
croyants soient en bonne santé. Et plus encore, j'aimerais que ce soit
le cas de tous les enfants, et même de tout le monde ! Mais la vie de
tous les jours et l'Écriture sainte elle-même ne confirment pas ce
postulat. Le Seigneur a béni Edward en lui donnant un esprit calme et
paisible jusqu'à l'opération. Nous n'avons pas invité ce couple chrétien
chez nous. Nous avons pensé que prier en présence d'Edward selon ce
postulat non scripturaire le troublerait. Au lieu de cela, nous les
avons invités à rejoindre les nombreux autres amis et la famille qui
s'intéressaient à Edward et priaient pour lui. La distance n'est pas
forcément une entrave (Matthieu 8:5-10). Notre Dieu a inventé la nature
avec sagesse et la préserve fidèlement. Mais Il agit parfois contre les
lois de la nature et intervient de façon miraculeuse. Il l'a fait, et le
fait encore. Cela nous conduit d'habitude à nous jeter à genoux. Mais
pour une raison quelconque, la douleur, la souffrance et les limitations
du handicap font toujours partie de ce monde déchu, même parmi des
chrétiens engagés, même après que nous ayons prié.
L'expression de l'amour de Dieu
Au
cours du mois dernier, nous avons reçu beaucoup de courriels venant de
chrétiens pleins d'amour et d'intérêt, la plupart connus de nous, mais
pas tous, venant de loin et de près. Jusqu'à présent, nous avons compté
16 pays différents. Nous avons ressenti l'amour de notre Père céleste au
travers des messages des siens. La plupart des cartes et courriels
contiennent des mots d'encouragement. Par exemple, du Yémen : « nous
sommes en prière pour votre fils ... nous espérons qu'il se remettra
entièrement ... Que le Seigneur vous encourage et vous fortifie dans ces
moments difficiles. » De Colombie, où Edward est né et où nous avons
servi comme missionnaires pendant 15 ans, « Nous sommes avec vous. Le
Tout-puissant est aux commandes. Nous vous aimons » « Que le Seigneur
vous fortifie et vous console » « Nous prions pour que Dieu soit
glorifié dans ces circonstances. » De Chine : « ... le Seigneur utilise
ce que vous traversez pour m'aider. » D'Allemagne, la citation d'un
cantique : « C'est la grâce qui m'a gardé en sécurité jusqu'à présent,
Et la grâce me conduira à la maison. » Du Pérou : « Tous les frères et
sœurs de mon assemblée prient pour votre fils Edward » Un sms
d'Angleterre : « Tenez-vous tranquilles, et sachez que je suis Dieu »
(Psaume 46:10). De notre assemblée chrétienne locale, ici en Hollande :
« Nous remercions Dieu parce que nous pouvons lui faire part des désirs
de notre cœur. Et votre désir et le nôtre, c'est qu'Edward se
rétablisse. » Et ainsi de suite. C'est un fait étrange que j'ai remarqué
à plusieurs reprises dans le passé : la peine et la souffrance
rassemblent le peuple de Dieu. Elles semblent fournir l'occasion de dire
quelque chose, faire quelque chose, exprimer cet amour divin qui nous
lie tous ensemble, nous les chrétiens.
Comment tout cela va-t-il finir ?
Mais nous
avons aussi reçu d'autres sortes de messages. D'un ami incroyant en
peine, « je croise les doigts pour Edward. » Sans Dieu, que pouvez-vous
dire d'autre ? Une autre personne nous a écrit très gentiment : « ma
famille et moi avons la certitude absolue que Dieu va totalement guérir
Edward. » Comme vous pouvez bien l'imaginer, un tel message nous fait
nous arrêter pour réfléchir : serait-ce un message du Seigneur pour nous
? Cela serait une excellente nouvelle. Paul a dit quelque chose de
semblable à l'équipage et aux passagers tous effrayés : « je vous
invite à avoir bon courage; car on ne fera la perte de la vie d’aucun de
vous, mais seulement du navire. » (Actes 27:22-25). L'affirmation
encourageante de Paul était fondée sur une révélation spéciale : « cette
nuit, m’est apparu un ange du Dieu à qui j’appartiens et que je sers, et
il m’a dit… » Le Seigneur pourrait agir de la même façon
aujourd'hui. Mais nous faisons fausse route lorsque nous utilisons une
telle affirmation positive sans révélation spécifique. Dans le contexte
de l'éternité, la guérison n'est pas toujours la meilleure option. En
Hébreux 11, nous lisons une liste d'hommes et les femmes de foi qui ont
souffert et sont morts. L'histoire retient d'innombrables histoires de
chrétiens qui ont souffert et sont morts. Il est même écrit que « Précieuse,
aux yeux de l’Éternel, est la mort de ses saints. » (Psaume 116:15).
Est-il possible que mon fils meure maintenant ou dans un avenir proche ?
Cela peut arriver à n'importe lequel d'entre nous. Heureusement, le
voyage de chaque chrétien se terminera bien. Notre destination est
merveilleuse. Mais en cours de route, la guérison de nos corps
souffrants peut intervenir, ou ne pas intervenir..
Confiance ou compréhension
Le premier
dimanche matin suivant l'opération, j'ai ressenti un profond besoin de
rechercher la présence du Seigneur et me suis rendu à une assemblée
chrétienne près de l'hôpital. Le culte a commencé avec ce chant pour
enfant bien connu : « Mon Dieu est si grand, si fort et si puissant, il
n'y a rien que mon Dieu ne puisse faire. » Comme les personnes présentes
commençaient à chanter, la frustration, et peut-être même la colère ont
commencé à envahir mon cœur. Tout comme Edward, il y a beaucoup d'autres
enfants avec des tuyaux sortant de leur nez, de leur bouche, de leur
cou, de leur poitrine ou de leur tête. S'Il le peut, pourquoi
n'intervient-Il pas ? Rejeter la faute sur le péché d'Adam et Ève me
semblait alors en décalage total ! Expliquez cela aux parents d'un bébé
handicapé moteur ou qui lutte pour survivre avec la moitié d'un cœur !
Quels sont exactement cet amour et cette bonté que nous chantons avec
tant de bonheur ?
Pendant le
service, je me suis calmé. Au fil des ans, j'ai appris que lorsque je
suis en colère, frustré ou déçu par Dieu, je dois corriger quelque chose
dans ma compréhension de Dieu ou de Ses voies. Nous aimons avoir des
schémas simples pour expliquer « comment Dieu agit ». Mais parfois, de
tels schémas ne sont pas adaptés à la réalité. Ils peuvent encourager de
fausses espérances. Nous pouvons ignorer ou nier les évidences. Nous
pouvons inventer de petites explications simples. Ou bien nous pouvons
apprendre à vivre avec la tension et le mystère. Il est vrai que d'une
part Dieu est sage, aimant et bon et qu’« il n'y a rien qu'Il ne puisse
faire. » Mais d'autre part, il est également vrai que dans ce monde,
comme nous le voyons et l'éprouvons parfois, il y a trop de douleur et
d'injustice inexpliquées. Les deux ne peuvent-ils pas être vrais ?
Devons-nous obligatoirement affirmer l'un et nier l'autre ? La vérité
reste la vérité indépendamment de ce que je vois ou vis. L'essence de la
foi est la confiance. Quand nous ne pouvons pas bien voir, quand nous ne
pouvons pas comprendre, nous ne pouvons avancer qu'en faisant confiance.
Dieu et Sa Parole sont-ils dignes de notre confiance ? Jésus a dit : « Que
votre cœur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en
moi. » (Jean 14:1). Faire confiance est un choix.
Décider
de ne pas s’agripper aux dons de Dieu
Deux jours
avant l'opération, j'étais assis à côté d'Edward pendant le « Moment de
Louange » du dimanche après-midi à notre assemblée chrétienne
d'Eindhoven, et le dernier cantique a retenu mon attention. il
s'agissait de « Béni soit Ton Nom » (Blessed be Your Name) de
Matt Redman. Il est assez facile d'obéir à 1 Thessaloniciens 5:16-18 et
d'être joyeux, de prier et remercier le Seigneur « quand le soleil
brille sur moi” » et « quand le monde est tout ce qu'il devrait être. »
Mais cela devient moins facile lorsque notre route est « marquée par la
souffrance. » Ce chant s'achève avec ces mots : « Tu donnes et tu
reprends. Mon cœur te dira : Seigneur, béni soit Ton nom. »
Nous aimons
nos quatre enfants, mais parfois ma femme et moi réservons un hôtel pour
partir juste tous les deux une ou deux nuits. Pendant ces moments, nous
aimons marcher, partir à l'aventure, parler, nous reposer et simplement
profiter d'être tous les deux ensemble. Il y a un mois, nous sommes
partis à Gant, en Belgique. Pendant notre méditation du matin, nous
avons considéré la possibilité de « perdre » notre fils Edward. Son
problème cardiaque congénital est tel que nous l'avons pratiquement
perdu peu de temps après sa naissance. Les enfants sont confiés aux
parents pour une période limitée. Cela fait 15 ans que nous l'avons. Ce
temps serait-il arrivé à son terme ? Étions-nous désormais prêts à le
laisser partir ? Job était un homme juste qui craignait Dieu. Après
avoir perdu tous ses enfants, Job « se jeta à terre et se prosterna.
Et il dit: … l’Éternel a donné, et l’Éternel a pris; que le nom de
l’Éternel soit béni ! (Job 1:20-21). Ce matin-là, nous avons voulu
redonner notre fils au Seigneur. Nous avons prié en disant à peu près :
« Seigneur, nos cœurs désirent garder et aimer Edward encore pendant de
longues années. Tu nous l'as donné. Nous te le rendons. Si dans ta
bonté, tu nous le confies à nouveau, nous en serons très heureux !
Fortifie-nous s'il te plaît et donne-nous Ta paix. » Pendant ces deux
dernières semaines, nous avons traversé bien des moments difficiles.
Cette prière n'a pas amoindri notre souffrance. Mais elle a apaisé notre
besoin de revendiquer nos droits ou de dire à Dieu ce qu'Il doit faire.
Aujourd'hui, j'ai passé cinq heures à ses côtés dans le service de soins
intensifs. Il ne bouge pratiquement pas et il dépend toujours de ce
respirateur. En le quittant, je l'ai doucement serré contre moi et je
l'ai remis au Seigneur, son vrai propriétaire.
Avez-vous besoin de « chirurgie du cœur » ?
Il y a
environ 30 ans, quand mon jeune frère John avait l'âge d'Edward, il
gisait paralysé sur un lit d'hôpital à Cali, en Colombie. Pendant 3
mois, il a dépendu d'un poumon artificiel pour rester en vie, puis a
suivi un processus de rééducation lent et long. Depuis quelques années
maintenant, sa femme Carolyn, qui a environ 40 ans, souffre de sclérose
en plaques invalidante. Ils savent ce que sont les « eaux profondes ».
La semaine dernière, John nous a
envoyé un bref courriel : « Nous ne
pouvons qu’imaginer combien vos circonstances actuelles sont difficiles
et vous brisent le cœur. Il me semble qu'à bien des égards, c'est vous
tous qui subissez des formes différentes de ‘chirurgie du cœur’ … et que
peut-être, la vôtre est plus douloureuse que celle d'Eddie. » Serait-ce
vrai ? Il semble que certains changements ne peuvent jamais survenir
progressivement. Nous avons besoin d'une sorte de 'crise'.
Mon frère
continuait : « vous êtes tous ‘transformés’ à l'intérieur d'une manière
que vous ne pouvez pas décrire, et au cours de ce processus, vous pouvez
être tétanisés ou bien hypersensibles. Les choses vont sembler très
nettes, ou bien très confuses. D'anciennes certitudes peuvent paraître
infondées, et les doutes actuels insurmontables. Vous pouvez osciller
entre le sentiment que tout le reste est petit et inutile, et à l'autre
extrême apprécier les plus petites choses, situations ou moments que
normalement, vous ne remarqueriez même pas. » Moïse a subi une
« chirurgie du cœur » dans le désert ; Anne, lorsqu’elle était sans
enfant et désirait très fort en avoir ; Paul, alors qu’il était aveugle
à Damas. Personne ne choisit volontiers de subir une chirurgie
cardiaque, mais parfois nous en avons tout simplement besoin. Et notre
Père qui nous aime le sait.
S'adapter aux arbres tombés
À côté de
l'hôpital se trouve un parc agréable, dont un sentier mène par les bois,
le long d'un lac et à travers un marais. Nous y avons remarqué un grand
arbre, qui était tombé. Les constructeurs du sentier du marais ont
décidé d'ajouter quelques marches pour aider les promeneurs à passer par
dessus l'arbre tombé. Parfois, des choses indésirables se produisent et,
avec le temps, elles peuvent être réversibles, corrigées ou ôtées. Mais
il arrive que Dieu envoie ou permette des circonstances irréversibles.
Cela peut être un accident, une expérience traumatique dans notre passé,
la conséquence de notre propre péché ou du péché de quelqu'un d'autre,
un handicap frustrant, ou la perte de quelque chose ou de quelqu'un que
nous avons profondément aimé. Parfois, du fait d'un tremblement de terre
ou de tempêtes, d'un vent violent ou de l'éclair, un grand arbre peut
tomber. Et comme le Roi Salomon l'a observé : « si un arbre tombe, au
midi ou au nord, il reste à la place où il est tombé.. »
(Ecclésiaste 11:3, Segond). Nous pouvons passer notre vie à essayer
d'enlever cet arbre inamovible. Nous pouvons nous arrêter de grandir,
nous pouvons nous arrêter d'avancer, nous pouvons nous arrêter d'être
une bénédiction pour d'autres - et vivre dans le monde irréel des vœux,
des rêves et des souvenirs. Ou alors, nous pouvons choisir de faire face
et d'accepter les conséquences liées au fait que nous vivons dans ce
monde déchu : repentons-nous, si nous prenons conscience de notre
péché ; pardonnons, si quelqu'un a péché contre nous ; remercions le
Seigneur pour les dons qu'Il nous avait fait, et pour ceux que nous
avons toujours ; adaptons-nous et acceptons ce nouveau chapitre de
l'histoire de notre vie. Nous devons apprendre à profiter de la vie
telle qu'elle est - car même avec ses nombreuses limitations, elle
demeure toujours un don de grâce.
Conclusion
Aujourd'hui,
nous avons peut-être à passer par les « eaux profondes ». Nous pouvons,
comme le Roi David, nous retrouver en train de prier « Ô Dieu !
écoute mon cri, sois attentif à ma prière. … je crierai à toi, dans
l’accablement de mon cœur; tu me conduiras sur un rocher qui est trop
haut pour moi. » (Psaume 61:1-2). Le Seigneur reste tout près. Il
est ce rocher. Accrochons-nous à Lui ! « Sauve-moi, ô Dieu! car les
eaux me sont entrées jusque dans l’âme. Je suis enfoncé dans une boue
profonde, et il n’y a pas où prendre pied; je suis entré dans la
profondeur des eaux, et le courant me submerge. » (Psaume 69:1-2).
Les promesses du Seigneur sont sûres et fermes, appuyons-nous sur elles.
Et bientôt ce voyage sera achevé. Dans la maison de notre Père, il n'y
aura plus d'injustice, plus de douleur, plus de larmes et plus d'adieux.
Mais nous n'y sommes pas encore !
Post-scriptum
: Nous avons décidé d'écrire et de diffuser ces pensées alors qu'Edward
est toujours en service de soins intensifs. Elles ne changeront pas,
malgré ce qui peut lui arriver. Au cours des années, ma femme et moi les
lirons à nouveau. Elles nous rappelleront notre propre ‘chirurgie du
cœur’ et nous prépareront pour toutes « eaux profondes » à venir. Nous
sommes des créatures oublieuses. Si Edward les lit un jour, que cela
puisse lui rappeler que sa vie est un cadeau très spécial de Dieu et que
le Seigneur utilise sa douleur et sa détresse pour travailler dans les
vies de beaucoup d'entre nous. Quant à toi, cher lecteur, sois remis en
question, préparé et encouragé par elles !