Grandir en période de crise
Philip Nunn
Novembre 2008
Source :
www.philipnunn.com
Le chapitre
6 du livre d’Ésaïe raconte une expérience remarquable qui a changé la
vie du prophète. Cette rencontre bouleversante avec Dieu a eu lieu
« l’année de la mort du roi Ozias » (6 : 1). Ce détail nous aide à situer
cet épisode extraordinaire de la vie d’Ésaïe au cours de l’année 740
avant notre ère, mais plus que cela, il nous aide à en comprendre le
contexte. Quelle est la signification de la mort du roi Ozias ?
La vie du
roi Ozias est retracée en 2 Chroniques 26. Il « était âgé de seize ans
lorsqu’il commença de régner; et il régna cinquante-deux ans à
Jérusalem; (…) Et il fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel (…) Et
il rechercha Dieu pendant les jours de Zacharie, qui avait
l’intelligence des visions de Dieu[1];
et pendant les jours où il rechercha l’Éternel, Dieu le fit prospérer »
(26 : 3-5). La nation toute entière profita de ses succès, jouissant de
la paix, d’une bonne renommée vis-à-vis du monde, et de prospérité
matérielle. Il était particulièrement admiré à cause de sa puissance
militaire : « Ozias avait une armée pour faire la guerre (...) Et il fit
à Jérusalem des machines, inventées par des ingénieurs, pour être
placées sur les tours et sur le haut des remparts, pour lancer des
flèches et de grosses pierres. Et son renom s’étendit au loin; car il
fut merveilleusement aidé. » (26 : 11-15)
Essayez de
vous représenter ce que furent ces 52 années de paix, de stabilité et de
prospérité. Dans le royaume de Juda, il n’y avait personne de moins de
55 ans qui savait ce qu’avait été la vie avant le roi Ozias. Mais ces
années de normalité se sont achevées. Le roi Ozias a péché, il a été
frappé de lèpre, et puis il est mort. Nous pouvons presque sentir la
tension qui régnait : que va-t-il se passer maintenant ? qui va conduire
le peuple ? les ennemis vont-ils nous envahir ? C’était une année de
crise nationale. Et dans cette période de crise, « l’année de la mort du
roi Ozias », le Seigneur Dieu a choisi d’appeler, de purifier et
d’envoyer le prophète Ésaïe. Nous sommes également confrontés à des
situations de crise. Ce peut être une crise familiale du fait d'un
problème de santé, d’un divorce ou d’un décès. Des crises nationales ou
globales peuvent également nous affecter personnellement, qu’elles aient
trait au terrorisme, au chômage, ou aux marchés financiers instables.
Nous pouvons traverser des crises quant à notre foi, lorsque nous nous
bagarrons contre de nouveaux doutes, lorsque nous pensons à nos prières
restées sans réponse ou lorsque nous affrontons un conflit dans notre
église locale. Une période de calme relatif vient de s’achever, et
l’avenir nous semble si incertain. La manière dont Dieu a agi envers
Ésaïe nous enseigne qu’il peut utiliser ces moments douloureux et
difficiles. Dans la main de Dieu, les périodes de crise sont une
opportunité de croissance personnelle.
1.
en
période de crise, recherchez le Seigneur
Lorsque
survient la crise, certaines personnes sont comme paralysées, que ce
soit de crainte ou du fait du choc. D’autres, cependant, deviennent
hyper actifs, recherchant une solution rapide en courant d’un point à un
autre. Qu’a fait Ésaïe ? il aurait pu se joindre à une délégation se
rendant dans un pays voisin pour signer un accord de paix. Il aurait pu
entamer des discussions avec l'armée puissante. Il aurait pu essayer de
monter son propre parti politique « religieux ». Dans ce premier verset,
nous ne trouvons Ésaïe ni dans le palais ni sur la place du marché, mais
dans le temple. En période de crise, il a recherché le Seigneur.
Le Seigneur
est heureux de l’y voir, et le récompense en lui donnant une vision très
importante. Ce n’est pas la vision d’un avenir millénaire paisible. Ce
n’est pas la vision de la destruction des ennemis. Non ! Dieu sait
exactement qu’Ésaïe a besoin de la vision de Dieu lui-même : « je vis le
Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et les pans de sa robe
remplissaient le temple. » (6 : 1). Le Seigneur ne stressait pas. La
crise ne l’avait pas pris par surprise. Il ne courait pas d’un point à
un autre. Le Seigneur était calme. Il était assis. Ésaïe avait besoin de
constater cela. Et nous aussi. Le Seigneur était assis sur un trône, qui
parle de son autorité, un trône haut et élevé. Au fur et à mesure
qu’Ésaïe saisissait ce qu’il voyait, son esprit trouvait le repos. La
crise ouvrait la porte sur un avenir incertain pour Juda. Mais pour
Ésaïe, le fait de voir Dieu l’a rempli d’une confiance paisible. Sachant
que l’avenir est dans les mains de Dieu, il a pu ensuite écrire :
« Voilà la résolution prise contre toute la terre, Voilà la main étendue
sur toutes les nations. L’Eternel des armées a pris cette résolution:
qui s’y opposera ? Sa main est étendue: qui la détournera ? »
(14 : 26-27, Louis Segond). Pour rester calme dans les moments de crises,
et confiants dans l’avenir, nous avons également besoin d’une vision
réaliste et renouvelée de Dieu.
2.
en
période de crise, regardez en vous
En dirigeant
les yeux vers le Seigneur, Ésaïe a vu deux séraphins qui volaient au
dessus de son trône. Il les entendait s’interpeler l’un l’autre :
« Saint, saint, saint, est l’Éternel des armées; toute la terre est
pleine de sa gloire ! » (6 : 3). Et pour compléter cette expérience
impressionnante, « les fondements des seuils étaient ébranlés (…), et la
maison était remplie de fumée. » (6 : 4). Dieu a de nombreux attributs
merveilleux. Il est amour. Il est fidèle. Il est tout puissant. Mais le
seul de ses attributs qui soit répété trois fois est celui-ci : il est
saint. La répétition est utilisée pour l’emphase. Ésaïe a compris le
message. Ses yeux ont quitté le Seigneur pour se tourner vers lui-même.
Le contraste était douloureusement évident. « Malheur à moi ! car je
suis perdu; car moi, je suis un homme aux lèvres impures (…) » (6 : 5).
Une crise nous procure l’occasion de nous rapprocher du Seigneur. Et en
le faisant, nous nous rendons douloureusement compte de notre propre
insuffisance.
Avant la
crise, nous disons avec joie que notre avenir est dans les mains de
Dieu. Mais lorsqu’elle nous frappe, lorsque nos économies s’envolent,
lorsque nous perdons notre emploi, lorsque nous avons des ennuis de
santé … notre avenir ne nous semble plus du tout rassurant. Il est
peut-être plus facile de faire confiance au Seigneur lorsque nous nous
sentons en confiance, en sûreté et aux commandes de notre vie. La crise
brise notre sécurité factice. Il était important pour le Seigneur
qu’Ésaïe ressente sa propre petitesse, afin de lui révéler sa grandeur.
Il était important pour le Seigneur qu’Ésaïe ressente sa nature
pécheresse, afin de lui révéler sa sainteté. La crise que vous traversez
est également une invitation à vous approcher du Seigneur, puis à vous
regarder de manière réaliste. Une crise est dans les mains du Seigneur
un outil pour nous réveiller d’une routine religieuse confortable, pour
révéler le mensonge de notre manière de penser, pour nous aider à
discerner nos priorités mondaines. Au lieu d’essayer de rejeter le blâme
sur les autres du fait de leur implication dans la crise que vous
traversez, regardez en vous-même dans la présence de Dieu. Peut-être y
a-t-il quelque chose à corriger. Peut-être avez-vous vous aussi des
« lèvres impures » !
3.
en
période de crise, essayez d’écouter
« Et l’un
des séraphins vola vers moi; et il avait en sa main un charbon ardent
qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en toucha
ma bouche, et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres; et ton iniquité est
ôtée, et propitiation est faite pour ton péché. » (6 : 6-7).
C’était là une action symbolique. L’autel représente probablement
l’œuvre de Christ, puisque le pardon et la purification sont
habituellement associés à la mort en sacrifice de notre Seigneur Jésus
Christ. « Christ (…) s’est offert une seule fois pour porter les péchés
de plusieurs » (Hébreux 9 : 28). Pouvez-vous vous représenter l’effet de charbons
ardents touchant vos lèvres sensibles ? Je suis certain qu’Ésaïe n’a
jamais oublié ce moment douloureux. Les cicatrices et les souvenirs
étaient là afin qu’il n’oublie jamais cette réalité passée : des lèvres
impures. Nous avons également besoin de nous souvenir d’où nous venons.
Sans le rappel de notre propre insuffisance et de Sa suffisance, nous
manquerons de grâce dans nos rapports avec les autres. Le Seigneur veut
utiliser les lèvres d’Ésaïe, alors il commence par les brûler.
Ésaïe est
maintenant purifié et attentif, en présence du Seigneur. Il est
désormais prêt à écouter. « Et j’entendis la voix du Seigneur qui
disait: Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » (6 : 8). C’est
tellement facile d’avoir nos propres idées, nos propres plans, nos
propres opinions, nos propres solutions. Et lorsque notre esprit est
occupé de nos propres idées, opinons et solutions, c’est tellement
difficile d’écouter le Seigneur : sa douce voix est étouffée dans notre
chaos intérieur. Mais si nous voulons tirer profit de cette crise, si
nous voulons grandir en la traversant, nous devons remettre toutes nos
initiatives au Seigneur et essayer d’écouter sa voix. Ésaïe appliqua
plus tard ce principe au peuple tout entier : « Malheur aux fils
qui se rebellent (…) pour former des desseins, mais non de par moi, et
pour établir des alliances, mais non par mon Esprit, afin d’ajouter
péché sur péché ! » (30 : 1) « Cependant l’Eternel désire vous faire grâce, Et il
se lèvera pour vous faire miséricorde; Car l’Eternel est un Dieu juste :
Heureux tous ceux qui espèrent en lui ! (…) Tes oreilles entendront
derrière toi la voix qui dira: Voici le chemin, marchez-y ! » (30 : 18,21
Louis Segond) Le Seigneur peut choisir de parler par l’intermédiaire de
conseils d’amis, par sa Parole, par les circonstances, par un rêve, … le
Seigneur tout puissant choisit le moyen. De notre côté, soyons comme
Ésaïe et Samuel, prêts à entendre : « Parle, Éternel, car ton
serviteur écoute ! » (1 Samuel 3 : 9)
4.
en
période de crise, soyez ouvert au changement
Lorsque
Ésaïe a répondu au Seigneur “me voici, envoie-moi” (6 : 8), je me demande
à quoi il s’attendait de la part du Seigneur. Pensait-il que l Seigneur
allait l’envoyer pour oindre un nouveau roi, comme Samuel le fit avec
David presque 300 ans auparavant ? A-t-il flirté avec la possibilité que
le Seigneur le nomme en tant que nouveau roi ? Imaginait-il que le
Seigneur allait l’utiliser, comme Moïse, pour sortir le peuple de Dieu
de cette crise pour aller dans un nouveau pays quelconque ? Le Seigneur
n’a pas demandé à Ésaïe « qu’as-tu envie de faire ? ». Il lui a dit au
contraire : « Va, et dis à ce peuple: En entendant vous entendrez et
vous ne comprendrez pas, et en voyant vous verrez et vous ne connaîtrez
pas. » (6 : 9). Le Seigneur savait ce qu’il fallait faire. Nous pouvons
avoir nos préférences, mais lorsque nous disons au Seigneur « Je suis à
toi. Me voici, utilise-moi », nous devons être ouverts à sa réponse.
Avant la crise, les amitiés, la famille, l’église, les études, le
travail, la santé et les finances se déroulaient dans un contexte
« satisfaisant ». Un changement radical ne semblait pas nécessaire. Vous
pensiez peut-être qu’il n’y avait besoin que de réajustements mineurs.
Comprenez que les périodes de crises peuvent aussi être des périodes de
changement. La vie d’Ésaïe a changé, et n’a plus jamais été la même.
Il est
important de remarquer que ce n’est pas la crise elle-même qui a changé
Ésaïe. La crise nous donne une opportunité de stopper ce qui semble
normal, de nous rapprocher du Seigneur, de nous purifier, d’écouter. Et
lorsque nous faisons cela, nous pouvons sentir le Seigneur nous appeler
à changer. Il peut nous conduire dans la poursuite fidèle de nos
travaux. Ou comme Archippe, nous avons mélangé les priorités, et nous
sommes désormais appelés à prendre garde au service que nous avons reçus
du Seigneur, afin de l’accomplir (Colossiens 4 : 17). Mais le Seigneur
peut également ouvrir une fenêtre pour nous montrer une nouvelle
direction, un nouveau service, un nouvel appel. Ésaïe a reçu un
ministère prophétique difficile. Le peuple auquel il devait s’adresser
était endurci. S’il avait regardé au « succès » et aux résultats
visibles, il n’aurait pas tenu longtemps. Ce ne sont pas les crises et
les difficultés en elles-mêmes qui doivent nous dire quand nous arrêter.
Lorsqu’il a été envoyé, Ésaïe a demandé : « Jusques à quand, Seigneur ?
Et il dit: Jusqu’à ce que les villes soient dévastées, de sorte qu’il
n’y ait pas d’habitants (…), que l’Éternel en ait éloigné les hommes, et
que la solitude soit grande au milieu du pays. » (6 : 11-12). Chaque
activité sous le soleil est temporaire, y compris les activités
chrétiennes telles que les écoles, les hôpitaux, les orphelinats, les
organisations missionnaires, les orchestres, les magazines,… chrétiens,
et mêmes les églises locales. Comme Ésaïe, nous devons également
demander « jusques à quand, Seigneur ? ». C’est à Lui de déterminer le
commencement et la fin. Poursuivre lorsqu’il a dit d’arrêter n’est pas
de la fidélité. C’est de la désobéissance. S’arrêter lorsqu’il dit
d’avancer, c’est aussi de la désobéissance. Une crise peut suggérer un
changement, mais ne commencez, ne terminez ou ne changez rien sans
ressentir que le Seigneur vous parle.
Conclusion
Votre vie a
peut-être pris un virage étrange et difficile récemment. Vous vous
demandez parfois pourquoi le Seigneur utilise un outil aussi émoussé et
douloureux. Dieu se sert des périodes de tourmentes intérieures pour
nous encourager à nous rapprocher de Lui, pour nous purifier, pour
parler à notre cœur. Considérez la crise que vous traversez comme une
opportunité de grandir. Le Seigneur est toujours assis sur son trône,
haut et élevé. Il contrôle toujours toutes choses. Choisissez de vous
rapprocher de lui, choisissez de vous purifier, choisissez d’écouter sa
voix, choisissez de croître par le moyen de cette crise. Et bientôt,
comme un témoignage, vous allez pouvoir chanter avec beaucoup d’autres :
« Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi, car
il se confie en toi. Confiez-vous en l’Éternel, à tout jamais ; car en Jah, Jéhovah, est le rocher des siècles. » (Ésaïe 26 : 3-4).
La version JND est utilisée sauf mention contraire