La seconde lettre de Jean est la seule lettre apostolique adressée à une
femme, « à la dame choisie, et à ses enfants 1
» (v.1). Certains commentateurs suggèrent que Jean
utilise un langage symbolique ; ainsi cette « dame et ses enfants »
seraient une référence à une église locale, et lorsqu’il termine en
disant « les enfants de ta sœur élue te saluent », il se référerait à
une autre église locale. Les instructions utiles et pratiques contenues
dans cette lettre sont applicables à l’individu comme à l’église locale,
mais il n’y a aucune raison de penser que cette lettre ne devrait pas
être comprise comme des mots d’encouragement et d’avertissement à une
famille, peut-être même à une famille monoparentale.
Trois mots sont répétés à 4 ou 5 reprises dans les 6 premiers versets de
cette lettre ; ces mots sont « amour », « vérité » et « commandements ».
On utilise les répétitions pour faire ressortir des idées importantes.
Pour l’apôtre Jean, la vérité était importante, tout autant que l’amour.
Un christianisme authentique a besoin des deux. Mais à quelle vérité
l’apôtre pensait-il ? Dans son évangile, Jean cite les paroles de notre
Seigneur : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14 : 6). La
vérité fait référence ici à une personne : Jésus. Mais Jean cite une
autre parole de Jésus : « Sanctifie-les par la vérité ; ta Parole est la
vérité » (Jean 17 : 17). Ici la vérité fait référence à ce que Dieu dit.
Peut-être Jean avait-il ces deux significations à l’esprit lorsqu’il
écrivait : « la vérité qui demeure en nous et qui sera avec nous pour
l’éternité » (v.2).
1. Une famille en bonne santé connaît la vérité divine (versets 1 – 3)
Quel lien y a-t-il entre cette « dame élue et ses enfants » et la «
vérité » ? Nous remarquons que l’apôtre Jean, cette famille et beaucoup
d’autres avaient connaissance de la vérité (v.1). Dans un monde où tout
semble relatif, où la tolérance encourage chacun à se satisfaire de « sa
propre vérité », il est bon qu’on nous rappelle que le Seigneur Jésus et
la Parole de Dieu sont une vérité objective ; ils restent ce qu’ils sont
quelles que soient nos pensées et nos interprétations. Il est possible
de connaître la vérité. Des familles en bonne santé encouragent
ouvertement à mieux connaître Dieu et Sa Parole. Il est bon et utile de
lire les Écritures et de prier en famille, ensemble, en se mettant au
niveau des enfants, et de manière qu’ils puissent comprendre. Nous
remercions le Seigneur pour la consécration et la piété dont font preuve
les moniteurs d’écoles du dimanche et les éducateurs chrétiens. Il est
bon de bénéficier de leurs services, mais nous ne pouvons pas déléguer
notre responsabilité de parents ; c’est à nous de guider notre famille
dans la connaissance de la vérité de Dieu.
En tant que parents, il nous faut être créatifs pour trouver des moyens
de mettre nos familles en contact avec la vérité de Dieu, de les
encourager à participer à la vie de l’église locale, aux camps de jeunes
chrétiens, aux conférences et séminaires bibliques, de partager avec eux
musique, films et livres s’inspirant des Écritures. N’oublions pas que
le courant de ce monde est fort, et qu’il n’est pas favorable aux
familles chrétiennes ! Remarquons que, pour Jean, la connaissance de la
vérité n’est pas quelque chose de sec et académique : elle conduit à
l’amour (v.1). La grâce, la compassion et la paix doivent être vécues
dans le contexte de la vérité et de l’amour (v.3). Lorsque nous
apprenons à mieux connaître notre Seigneur Jésus, lorsque nous croissons
dans notre compréhension de la Parole de Dieu, notre manière de voir les
autres et de les traiter changera. La connaissance de la vérité ne
conduit pas seulement à aimer, mais à pratiquer la grâce et la
compassion, qui à leur tour contribueront à la paix. Une réelle
connaissance de la vérité divine transforme nos relations.
2. Une famille en bonne santé vit la vérité divine
(versets 4-6)
L’apôtre Jean était un vieillard quand il écrivit sa lettre. Il avait
vécu les premières décennies de l’église chrétienne. Il avait été témoin
de son expansion heureuse et passionnante, mais aussi de ses graves
difficultés : tous ne suivaient pas le Seigneur d’un cœur sincère ; tous
n’étaient pas prêts à payer le prix d’être des disciples authentiques ;
tous ne vivaient pas la vérité qu’ils proclamaient croire. Au moment où
Jean écrivait sa lettre, son expérience l’avait rendu réaliste.
Qu’est-ce qui remplissait d’une « grande joie » le cœur de ce vieil
homme ? La nouvelle que la fréquentation aux réunions de l’église
s’améliorait ? ou que les collectes pour les besoins en Judée
produisaient davantage ? Non ! Jean dit ceci à la dame : « Je me suis
beaucoup réjoui de trouver de tes enfants qui marchent dans la vérité,
selon le commandement que nous avons reçu du Père » (v.4). Qu’est-ce qui
vous rend heureux en regardant vos enfants ou les jeunes de votre église
locale ? Sont-ils en train d’apprendre à obéir à la Parole de Dieu, à «
marcher dans la vérité » ?
Beaucoup considèrent que l’amour et l’obéissance sont à l’opposé l’un de
l’autre. Certains associent les ordres et l’autorité avec du légalisme,
et préfèrent un christianisme plus souple et joyeux, caractérisé par
l’amour, la spontanéité et la liberté, un christianisme dans lequel nous
pouvons « être nous-mêmes », sans limite. Mais il n’y a aucune trace
d’une pareille tension ou dichotomie dans les écrits de l’apôtre Jean.
La soumission à l’autorité de Dieu, l’obéissance aux commandements
divins et l’amour se mêlent avec bonheur et tout naturellement. De même
que des règles de circulation intelligentes permettent de se déplacer
avec sécurité et liberté, les règles données par Dieu fournissent le
cadre dans lequel joie, spontanéité et liberté s’exprimeront.
Paradoxalement, c’est quand nous nous soumettons à Dieu que nous pouvons
« être nous-mêmes ». Notre amour pour Dieu, nous ne l’exprimons pas que
par la prière et le chant, mais par notre obéissance à Sa Parole : « Et
l'amour consiste à vivre selon ses commandements. »
C’est peut-être à cause des abus d’autorité du passé que l’esprit
moderne a été formé à ne pas aimer l’autorité, à la remettre en
question, à la combattre et, partout où cela est possible, à s’en
affranchir : « personne n’a le droit de te dire ce que tu dois croire ou
penser ». Mais, à la conversion, nous nous sommes donnés librement au
Seigneur Jésus : il nous a rachetés ; nous lui appartenons désormais ;
nous sommes sous son autorité – et heureux d’y être. Une fois que nous
avons compris ce que veut le Seigneur, le prochain pas devrait tout
naturellement être l’obéissance. Et le Seigneur attend cette obéissance
des jeunes comme des vieux.
3. Une famille en bonne santé protège la vérité divine
(versets 7-13)
Dans la seconde moitié de sa lettre, l’apôtre Jean voit des problèmes à
l’horizon ; il souhaite avertir la dame et ses enfants d’être prudents,
de garder les yeux ouverts sur la réalité, de protéger leur foyer. Leur
foi, comme la nôtre aujourd’hui, est exposée à de graves dangers.
-
Nous risquons de perdre des choses : «
Prenez garde à vous-mêmes, afin de ne pas perdre le fruit de notre
travail, mais de recevoir une pleine récompense » (v.8). Nous ne
pouvons faire des œuvres pour être sauvés, le salut est un don de
Dieu ? ; nous ne pouvons pas non plus perdre notre salut : il reste
un don de Dieu. Mais, en tant que chrétiens, nous risquons de perdre
beaucoup de choses : à cause de la médisance ou de l’amertume, nous
risquons de perdre la confiance et de bonnes relations ; par
négligence, une église locale peut perdre une bonne connaissance de
la Bible et sa mise en pratique ; par mondanité et paresse, nous
risquons de perdre toute efficacité dans notre ministère ; par notre
désobéissance, nous risquons de perdre quelques-unes des
bénédictions et des récompenses éternelles que Dieu a l’intention de
nous donner.
-
Nous risquons de franchir des limites :
« Quiconque va plus loin… » (v.9). Ce n’est pas un danger couru par
les paresseux mais par ceux qui sont curieux, actifs, qui cherchent
le progrès, la créativité. Si nous ne sommes pas attentifs, notre
enthousiasme peut nous amener à franchir les limites de la vérité
révélée ; ceux qui les transgressent avancent dans la mauvaise
direction. C’est un faux progrès puisque qu’il dévie de la Parole de
Dieu.
-
Nous risquons d’encourager le mal : «
Celui qui lui souhaiterait la bienvenue se rendrait complice de ses
œuvres mauvaises 2».
L’apôtre Jean avertissait cette famille que le mal frapperait
bientôt à leur porte. Ne laissez pas les portes ouvertes. Faites
très attention. Apprenez à quel moment dire « non », poliment, mais
fermement. Ne recevez que ce qui peut contribuer à la bonne santé
spirituelle de votre famille. En accueillant ce qui est faux, nous
favorisons la décadence. Qu’est-ce que nous accueillons dans nos
foyers, et qui ? Sommes-nous conscients de la puissante influence
que de mauvaises amitiés peuvent avoir sur notre vie spirituelle et
sur celle de nos enfants ? Quels sont les programmes de TV, les
vidéos, les musiques, les sites internet, les jeux informatiques et
les magazines que nous faisons entrer chez nous ? Y a-t-il quelque
chose, une influence ou quelqu’un que vous ne devriez plus
accueillir chez vous ? Y a-t-il quelque chose qui devrait être
coupé, stoppé, rejeté ou ne plus être fait ? Si les foyers chrétiens
veulent rayonner de la paix et de l’harmonie de Dieu, s’ils veulent
continuer à rester en bonne santé, ils devront énergiquement
protéger leurs portes.
Conclusion
Dieu aime les familles, il en prend soin. Si nous voulons que les
familles chrétiennes soient des unités favorisant une croissance saine,
elles doivent accueillir le Seigneur Jésus en leur sein et chercher,
d’une manière créative, à encourager chacun de leurs membres à connaître
la Parole de Dieu et à lui obéir. Y a-t-il quelque chose que vous
pourriez entreprendre pour encourager votre famille à mieux connaître la
vérité et à y marcher ? Sachant combien le courant de la société sans
Dieu est puissant et va à l’opposé des saines valeurs chrétiennes, nous
devrions être très prudents dans ce que nous laissons entrer chez nous.
Que le Seigneur nous accorde, aux parents comme aux enfants, la force
d’être déterminés et fermes dans notre vie de famille, de sorte que le
Seigneur Jésus se sente à l’aise dans nos loisirs et dans nos fêtes,
comme dans notre vie quotidienne. Voilà ce qu’est une famille chrétienne
en bonne santé !
traduit par Marc Varidel
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La présente citation est tirée de la Nouvelle Bible
Second ; les suivantes seront prises soit dans la même version, soit
dans la version « Colombe », pour être au plus proche des versions
utilisées par Ph. Nunn. Une nouvelle note précisera l’emploi d’une
autre traduction. -
La version Semeur est utilisée ici ; la
version anglaise utilisée par Ph. Nunn dit : « Anyone who
welcomes him… »
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